Que l’on soit sensible à son projet ou pas, il faut reconnaître que le Futuroscope est redevenu depuis quelques années ce qu’il aurait toujours dû rester : un parc populaire. Si l’avenir du parc parait plus dégagé aujourd’hui, les choses n’ont pas toujours été faciles…

En 2002, le Futuroscope est au bord de la faillite : manque de nouveautés, dirigeants peu aux faits de la gestion d’un parc à thèmes… Le parc est repris en main par le conseil régional et Dominique Hummel est nommé président du Directoire du parc. Le début d’une belle aventure qui va l’amener pendant 15 ans à innover, inventer, détourner la technologie pour la mettre au service de l’émotion. Au fil de réalisations originales, souvent portées par de grands noms, le parc regagne pas à pas la confiance du public.

Dernières heures au Futuroscope pour Dominique Hummel, qui quitte le parc après 15 ans de bons et loyaux services pour intensifier son rôle de Directeur de l’Innovation au sein de la Compagnie des Alpes (propriétaire du parc depuis 2011). L’occasion aussi, lui qui a passé une partie de sa vie à plonger les visiteurs « dans les grands rêves des hommes », de prendre un peu de temps pour réaliser les siens. Rodolphe Bouin, son successeur, est prêt ; la transition s’est faite en douceur.
L’occasion pour nous de dresser un bilan de ces 15 ans, de constater ce qu’est aujourd’hui le parc et, évidemment, de lorgner vers l’avenir. Le mieux était de le faire en présence des deux protagonistes. Ils ont accepté de nous recevoir.

Dominique Hummel remet les clés du parc à Rodolphe Bouin – Source photo : La Nouvelle République

1. L’histoire du parc, et de deux de ses protagonistes.

Merci beaucoup de prendre de votre temps pour nous recevoir. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous raconter comment vous vivez, chacun, l’étape qui s’apprête à être franchie ?
D. Hummel : Je suis Dominique Hummel, président du Directoire depuis le 2 Novembre 2002 jusqu’au 31 Mars 2018. J’ai donc passé une bonne quinzaine d’années à la direction de l’entreprise, ce qui représente la moitié de son parcours, puisque celle-ci a 30 ans. Je suis arrivé dans un contexte de crise, et repars dans un contexte de bonne santé financière, avec le sentiment d’avoir « fait le job », et d’être dans une séquence où il faut passer le relais.
R. Bouin : Pour ce qui est de moi, je suis Rodolphe Bouin, je suis directeur général adjoint du parc du Futuroscope. J’ai accompagné Dominique ces différentes années dans différentes fonctions (directeur d’exploitation, des ressources humaines…). Je suis là depuis 18 ans, puisque c’est ma seule et unique entreprise ; j’ai commencé comme stagiaire ici !

Comment avez-vous vécu cette période de transition, et depuis combien de temps la préparez-vous ?
D. Hummel : Cela fait vraisemblablement entre une et deux années que je prépare à cette transition, en ce qui me concerne. Elle fait suite à des réflexions, et au cap symbolique des 15 ans qui m’invitait tout particulièrement à y réfléchir. Cela s’est aussi inscrit dans le cadre d’une réflexion avec la Compagnie des Alpes, qui est notre actionnaire principal, et avec lequel nous avons convenu il y a un an de ce moment-là. Concernant Rodolphe, cela fait plus longtemps que nous sommes dans la perspective de cette succession.
R. Bouin : Cela fait effectivement un petit moment qu’on en parle avec Dominique, en toute confiance et en toute transparence sans pour autant savoir que ça allait « vraiment » se faire. Ca s’est concrétisé de manière un peu plus forte ces derniers mois, en lien avec la CDA.
D. Hummel : Rajoutons aussi que l’on a entrepris il y a deux ans un travail de transition avec un intervenant extérieur et l’équipe de direction, montée en compétence de l’ensemble de l’équipe qui s’inscrivait pour moi complètement dans cette perspective.

Vous avez réalisé une grande partie de votre carrière ici…
R. Bouin : Surtout moi ! (Rires)

En effet ! Qu’est-ce qui fait que l’industrie du loisir est si « hypnotisante », si intéressante qu’on lui reste plus fidèle que dans d’autres secteurs ?
D. Hummel : Je pense qu’il faut d’abord distinguer les propriétaires de parcs, propriétaires de leur « outil », qui y passent énormément de temps : ils sont nombreux. C’est aussi parfois, comme au Puy du Fou, une histoire de territoire. On voit mal le DG de ce parc voir son équipe quitter massivement le parc, même si au moins l’un d’entre eux l’a fait, d’ailleurs (ndlr : Nicoles Krémer, passé par le Puy du Fou et le Futuroscope, aujourd’hui directeur du Parc Astérix.) On est ici dans un cas de figure un peu différent, mais qui s’en rapproche aussi. Rodolphe, comme moi, comme beaucoup ici sont des gens du territoire, et le Futuroscope, dans le territoire, ça n’est pas rien ! Il y a un sentiment de fierté, « d’être du Futuroscope », reconnu par ce territoire comme son emblème. Cela contribue vraisamblablement à une forme de fidélité.

Par ailleurs, ce que nous faisons ici, ce que nous délivrons aux visiteurs est motivant. Je ne dis pas ça n’est pas le cas ailleurs, mais ça l’est particulièrement ici, qui plus est dans nos évolutions récentes. On glane un peu tous les plaisirs de la profession : on a ce côté « fun » partagé avec d’autres parcs, mais aussi un côté plus lié à la curiosité, qui fait qu’on trouve facilement son compte dans l’originalité du produit. Le concept du Futuroscope est lui-même générateur de fidélité.

Précisément, qu’est-ce qui fait que le Futuroscope parle tout particulièrement aux gens aujourd’hui, qu’il a une place spéciale dans le coeur des français ?
R. Bouin : C’est clairement Dominique qui nous a amené à reconquérir nos visiteurs un à un alors qu’on était descendus très bas en 2002 – on était à 1,2M de visites pour 2M aujourd’hui- avec une stratégie claire, qui consistait  à renouveler le produit et à faire en sorte que la communication le porte. Tout cela, couplé à un travail sur les charges, a fait que l’entreprise est redevenue saine rapidement nous permettant de réfléchir à une conquête additionnelle et d’entreprendre l’avenir sereinement.
D. Hummel  Dans l’attendu, dans la représentation que se fait le français du Futuroscope, il y a quelque chose d’assez puissant. On reste je crois n°1 des intentions de visite de parcs pour les gens qui n’ont jamais mis les pieds au Futuroscope. Pour des parents, emmener des enfants au Futuroscope, ça n’est pas la même chose que de les emmener à la Cité des Sciences par exemple, autre lieu au côté pédagogique qui peut refréner les enfants, encore qu’il a bien évolué aussi… Les parents n’ont pas forcément envie de se « sacrifier » en emmenant leurs enfants dans des parcs trop ludiques… Il y a au Futuroscope une composante liée à notre offre, qui fait que on a le sentiment d’avoir son compte en étant parent, et de faire quelque chose de bien pour ses enfants. Cela donne une forme de noblesse qui fait que les gens se disent : « il faut y être allé au moins une fois dans sa vie ».

2. Le Futuroscope aujourd’hui : une confiance retrouvée.

Le concept du Futuroscope est très spécifique. Comment avez-vous réussi à rendre plus humain un parc axé sur la technologie, technologie que l’on nous présente comme quelque chose de froid, d’assez impersonnel ? Par ailleurs, comment rendre un viable un parc basé sur le futur, futur par définition toujours en mouvement, et ainsi remplir le contrat utopiste de René Monory ?
R. Bouin : Le parc est humain de deux manières : par le repositionnement opéré par Dominique lorsque il est arrivé, consistant à dire que la technologie ne suffit pas, et qu’elle doit être au service d’une histoire avec une grande thématique qui fait office de filtre : « les grands rêves de l’homme ». Avec cette thématique, on ne peut perdre de vue notre côté humain.

Le deuxième élément, ce sont nos équipes. Elles sont plébiscitées par le visiteur sur le terrain, l’accompagne et font partager une expérience avec bienveillance, enthousiasme et professionnalisme.

Vous avez inauguré il y a quelques jours Sébastien Loeb Racing Xperience. La technologie VR est très débattue dans les parcs à thèmes… On peut avoir l’impression que cela va à contre-courant de l’idée de partage d’émotions et de sensations. On est individuellement dans un casque. Comment avez vous contourné ce problème, ainsi que les autres contraintes opérationnelles : débit, hygiène, etc… ?
D. Hummel : Nous allons les découvrir. On s’attend d’ailleurs à quelques sujets chauds, notamment concernant la solidité du matériel. Nous avons prévu cela dans nos budgets, mais j’espère qu’on ne sera pas au-dessus de ce qu’on imagine…
On ne s’est pas trop posés la question comme ça, en fait. On est un lieu qui a fait de l’image un de ses fondamentaux : on est faits d’images et on restera faits d’images. On est là pour nourrir la curiosité des visiteurs. J’ai vu un chiffre disant que 71% des Français n’ont jamais essayé la VR, mais ont envie de le faire. À nous de leur offrir cette expérience de cette nouvelle technologie, dont certains disent qu’elle va révolutionner le rapport même à la réalité et à fortiori à l’image, alors que d’autres sont plus sceptiques.
Donc nous verrons bien… On s’est juste posés la question suivante : comment permettre à un grand nombre d’y accéder, dans une forme qui est la nôtre, c’est à dire à la fois pédagogique, mais aussi ludique en racontant une histoire s’appuyant sur un héros ? De chemin en chemin, on est arrivés à cette idée de simulation de conduite, et ensuite de Sébastien Loeb.
Maintenant, le verdict sera donné par le public. Mais au fond, il aura au moins goûté ce qu’est la VR. En cela, nous aurons fait notre job.
Les questions de maintenance ne vont pas être évidentes. Effectivement, on a dû faire du volume pour arriver à nos flux. Cela a été un de nos challenges que de parvenir à industrialiser ce dispositif. Je pense qu’il faut prendre le risque, comme on l’a fait il y a 10 ans avec la réalité augmentée. (NDLR : avec l’attraction Les Animaux du Futur)

Tout le parc a été renouvelé. Il reste une seule attraction historique, c’est la fameuse Vienne Dynamique. Comment faire pour ne pas tomber dans “le syndrome Goudurix”, c’est à dire une attraction si emblématique qu’on ne sait plus quoi en faire ? Est-elle encore très plébiscitée ? Y’a-t-il des raisons politiques derrière ?
R. Bouin : Elle n’est pas conservée par défaut ou pour des raisons politiques. Elle continue simplement à rencontrer son public : elle est toujours très bien considérée dans le classement des attractions.
C’était un petit bijou à l’époque. Un simulateur hydraulique qui dure 12 minutes, je ne crois pas que ça existait ailleurs. Ces formats sont en général plutôt de 4 minutes, c’était donc très exceptionnel ! Évidemment, le Futuroscope se doit d’avoir une image futuriste et innovante, mais on peut se permettre d’avoir une ou deux touches vintage, surtout quand le spectacle est de qualité.
D. Hummel : Et puis on l’a fait bouger plusieurs fois, le Guerliguet ne crachait pas il y a quelques années (NDLR : effets d’eau en salle). Nous avons aussi connu des plantages : pour améliorer l’immersion, on a ajouté des écrans 2D sur les murs latéraux. Ça ne fait pas tout à fait son effet. Je pense qu’on continuera à trouver des innovations. Il y a une histoire qui peut se continuer, et il y a 1000 manières de prolonger cela.
Ça reste effectivement la carte de visite du territoire, sans être trop publicitaire. Donc il faudra garder ce juste ton. Mais je pense qu’il y aura toujours de la place pour quelque chose autour du Guerliguet. (rires)

3. L’avenir du parc

Vous avez annoncé votre premier grand huit, Mission Kepler, grande nouveauté pour le Futuroscope. Nous n’en savons pas grand chose, hormis le fait qu’il sera en partie intérieur et possédera une portion de rail en chute libre. Cependant, tout semble déjà fixé : modèle, constructeur…
D. Hummel : Donc vous ne voulez pas en savoir plus ? (rires)

On aimerait savoir comment vous avez choisi l’attraction ? L’idée est-elle venue de la CDA ou en interne, dans les équipes du parc ?
D. Hummel : On prête ces intentions à la CDA, pour nous remettre dans le mainstream ? (rires)
R. Bouin : D’abord, nous échangeons bien évidemment avec notre actionnaire principal sur les stratégies. L’introduction d’un coaster au Futuroscope est évidemment quelque chose d’assez fort, mais ce n’est pas pas la CDA qui nous l’a imposé. C’est un actionnaire certes exigeant mais bienveillant, et surtout qui laisse libre la gouvernance du parc.
L’acteur principal qui nous a fait aller vers cette voie, c’est le visiteur. Au travers de nos différentes enquêtes, il nous a dit petit à petit qu’il avait envie d’un peu plus de sensations au Futuroscope. Il ne nous dit pas qu’il a envie de beaucoup de sensations, mais il a besoin d’une certaine forme de sensations. C’est pour ça que ce sera un grand huit particulier, qu’on ne verra pas forcément ailleurs et dont l’aspect mécanique sera lui aussi au service d’une histoire un peu plus globale, qui commencera bien en amont dans les différents preshows.
D. Hummel : Sans prétention, on dit souvent qu’on est un lieu de fun intelligent. C’est exactement ce qu’on va appliquer comme principe à ce coaster qui va raconter une histoire avec plusieurs dimensions de curiosité et de découverte. Il ne faudra pas venir au Futuroscope pour faire le dernier coaster, il y a d’autres lieux faits pour ça. En revanche, il faudra venir ici pour voir ce qu’un parc comme le nôtre peut faire d’un coaster, quand il l’intègre comme une composante.

Donc c’est vraiment un premier test, pas un changement absolu de stratégie ?
D. Hummel : Non. Ce n’est pas plus disruptif que l’a été Danse avec les Robots. J’ai été là 15 ans et de tous les mouvements qui ont été opérés, je pense que c’était le premier, sinon le plus symbolique, d’une évolution de trajectoire. On a vraiment intégré de la mécanique au sein du parc. Après, on a eu d’autres moments disruptifs comme Les lapins Crétins, mais plus au niveau du thème.
Donc on a eu des moments comme ça où on a clairement signifié où on allait. Celui-ci fait un peu partie de cette trilogie : Danse avec les robots, le pied dans la mécanique ; les lapins crétins, le pied dans le fun familial ; et puis celui-ci… On ne l’appellera pas Mission Kepler, c’est un nom de projet… Cette attraction nous met le pied dans un coaster qui raconte une histoire.
R. Bouin : Une expérience immersive comme les autres, c’est juste la matière première qui change.

La banalisation des technologies telles que la 3D, Imax jusqu’aux simulateurs qui arrivent maintenant dans les salles de cinéma vous pousse aussi à envisager d’autres types d’attractionsn, par la force des choses…
R. Bouin : Oui, en effet.

Vous faîtes régulièrement appel à des ambassadeurs connus, ou à des licences, pour vos attractions. Allez-vous le poursuivre ? Comment conserver une cohérence à l’échelle du parc ?
R. Bouin : On a des attractions qui le nécessitent. Je pense que c’était le cas pour la dernière en date, avec l’intervention de Sébastien Loeb dans la production du film. Sa caution technique sert beaucoup l’attraction.
On en a certaines pour lesquelles une marque ou une tête d’affiche est intéressante, pour d’autres non. Auquel cas, on fait sans.
Par exemple, pour l’Extraordinaire Voyage, on s’était posés la question. Ça aurait pu être le cas…

Donc ça a été envisagé, au départ ?
D. Hummel : Non. A moins que vous ne considériez que Jules Verne est une signature. (rires)
Pour Mission Kepler, nous ne sommes pas sur cette piste là non plus. Le thème est assez puissant et raccord avec l’identité du parc pour fonctionner.
Comme disait Rodolphe, on n’a pas juste cherché des signatures pour s’appuyer sur des notoriétés, quoique ça puisse être un élément. Nous avons surtout recherché des talents qui avaient envie de faire quelque chose avec nous, de différent de ce qu’ils faisaient dans leurs vies de créateurs. Pour eux, le Futuroscope était une sorte de pinceau pour peindre autre chose.
Ça a été le cas de Besson : il voulait faire un film dynamique après Arthur et les Minimoys. Il y a un peu plus longtemps, Jacques Perrin voulait utiliser les grands formats pour filmer la nature.
À chaque fois, on a donné des outils à des artistes pour réaliser quelque chose avec nous. D’une certaine manière, c’est le cas de Sébastien Loeb, Martin Solveig et les autres…

Dominique Hummel, vous allez quitter le Futuroscope dans quelques jours. Comment va se matérialiser votre plein temps au sein de la CDA ?
D. Hummel : Ce n’est pas un plein temps. Ça ne change pas. J’ai été à temps partiel et j’y reste pendant quelques temps. C’est plus une continuation, avec la même fonction, et surtout le même temps donné à la CDA.
Après ça me libère effectivement du temps pour faire d’autres choses, en partie personnelles. À mon age, j’ai envie de diversifier mes investissements en termes de centres d’intérêt. C’est donc une nouvelle vie qui commence. Elle n’est pas écrite par avance, et va donc se fabriquer au fur et à mesure.

Rodolphe Bouin, vous disiez que la stratégie du parc à 10 ans est fixée dans les grandes lignes.
R. Bouin : C’est un bien grand mot !

Comment envisagez-vous dans le parc dans 10 ans ?
R. Bouin : D’abord il y a un premier constat : le Futuroscope a atteint plus de 2 millions de visites et 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’entreprise est donc saine, ce qui permet d’entrevoir l’avenir sereinement.
Le premier objectif (et il ne faut absolument pas le minorer) est dans le prolongement de tout ce qu’a fait Dominique ces derniers temps : stabiliser l’entreprise à ce niveau d’activités, qui lui permet de bien vivre, rémunérer à la fois les actionnaires, les employés au travers d’un plan d’intéressement, les visiteurs avec des plans d’investissement qui permettent de renouveler le parc et le diversifier. Après, il est vraisemblable que le Futuroscope à un palier avec ces 2 millions de visites, mais il faut bien réfléchir pour voir si des potentiels additionnels existent et quels sont les leviers d’attractivité qu’on peut déployer pour aller un peu plus loin. C’est en cours. Ce sont des réflexions qui sont lancées et qui vont se poursuivre tout au long de l’année 2018.

4. Les parcs à thème

Parlons de parcs à thèmes de manière générale. Vous en visitez forcément plusieurs, quels ont été vos coups de coeur ?
D. Hummel : On est tous, européens que nous sommes, impressionnés par l’Allemand (ndlr : Europa-Park) qui par son niveau d’investissement, le soin donné aux détails, par ce qu’il invente aussi, reste une référence en termes d’excellence opérationnelle et d’inventivité. Il faut lui rendre cet hommage là.
Il y a aussi des petites choses qui apparaissent ici ou là. Ce que j’observe, et ce n’est pas surprenant, c’est qu’il y a encore de quoi innover dans ce métier. Aujourd’hui les nouvelles images redonnent des perspectives. Mon expérience la plus impressionnante fut il y a un ou deux ans, avec ce que sont en train d’inventer les asiatiques autour de l’art et de la science : des activités créatives s’appuyant sur la technologie.
Dans ce secteur qu’est le nôtre, très sincèrement, dire qu’on a pris une claque n’est pas le bon mot, mais quand même. On a mis le pied dans autre chose de très poétique et fonctionnel, créatif : ca s’appelle TeamLab. L’exposition s’appelait Future World, je crois. C’était à Singapour et cela nous a bien marqués.
R. Bouin : Spontanément, avant que Dominique ne réponde, je pensais aussi à TeamLab. C’est en décalage complet avec ce qu’on a l’habitude de faire, et pas forcément avec des moyens extraordinaires. Il y a une espèce d’alchimie : on est dans un univers qui vous transporte. À la fois poétique, ludique, pédagogique, cela génère une immersion assez exceptionnelle.
C’est à chaque fois l’enjeu du Futuroscope : voir comment on peut intégrer ces contenus, avec des problématiques de flux et de volumétrie qui font que ce n’est pas toujours évident.
Mais est-ce que c’est plus compliqué que d’industrialiser la VR sur 108 casques ? Le Futuroscope a joué son rôle de leader, au fond.
Sur le segment de la technologie, quand vous évoquiez tout à l’heure les contraintes opérationnelles, elles ne sont pas toutes contournées aujourd’hui, mais on assume notre rôle de leader sur le sujet.
Pour revenir à la question, en termes de références mondiales, je pense à Europa Park, évidemment. Et puis on le regarde pour le plaisir des yeux, mais on se déconnecte tout de suite car on ne joue pas dans la même cour : les dernières réalisations d’Universal sont impressionnantes !
D. Hummel : On en a pris plein les yeux avec Harry Potter and the Forbidden Journey. On voit qu’il y a évidemment une course à l’armement, en Floride. Une nouveauté chez Disney ou Universal coûtait 100 millions de dollars il n’y a pas si longtemps, après elle est montée à 200 et puis là on est sur un demi-milliard ! Ce sont des créations de land avec derrière du ticketing, des produits boutiques, des grandes signatures. Là, il y a effectivement une avancée financière et technologique qui, pour des faiseurs comme nous, n’est pas du même niveau. Cela nous oblige à inventer avec nos moyens.

Comme vous le disiez vous êtes des précurseurs : les robots Kuka étaient d’abord au Futuroscope avant d’être repris à Universal.
D. Hummel : Je me souviens très bien de la visite de deux ou trois personnes d’universal en 2005. Ils ont vu les robots Kuka, et nous ont dit en partant “c’est pas mal, mais on va mettre plus de moyens” (rires).

Propos recueillis par Mathis
Mars 2018
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