Montagnes russes, grand huit, ou même roller coaster. Qui, à notre époque, n’a jamais prononcé ces mots ? Qui n’en a jamais entendu parler ? Qui n’en a jamais essayé ? De nos jours, il est bien difficile de ne pas savoir ce que c’est, voire même de n’être jamais monté dans l’un d’eux. Et dans quelques années, ce phénomène s’amplifiera sûrement en Europe, tel que ça l’est aux Etats-Unis aujourd’hui. En effet, les montagnes russes, disons même les parcs d’attractions en général, connaissent une croissance importante partout dans le monde.

Mais lorsque je vous dis « montagnes russes », qu’est ce que ça évoque pour vous ? Vous penserez sûrement tout de suite à des monstres de bois ou d’acier, de plus de 30 mètres de haut, 100 mètres même pour les plus extrêmes, vous faisant dévaler des pentes à plus de 100 km/h bien attachés à vos harnais ou lap bars, et vous mettant parfois jusqu’à 10 fois la tête en bas, tout cela en toute sécurité, et pour le plus grand plaisir de tous. Voila à peu près, ce que chaque personne pense lorsqu’on lui évoque le mot « montagnes russes »… Mais bien peu savent que ses origines remontent à plus de 500 ans en arrière pour les formes les plus primaires, et que pour en arriver là où on en est aujourd’hui, énormément d’évolutions ont dû voir le jour. C’est ce que je vous propose de découvrir dès maintenant : la Grande Histoire des montagnes russes.

I. Les balbutiements

Les origines des montagnes russes sont assez imprécises. Les hommes, de tout temps, ont cherché à connaître l’excitation, le frisson en se faisant peur. Mais une chose est sûre, les origines réelles des premières montagnes russes remontent à 500 ans ! En effet, la majorité des historiens qui se sont penchés sur la question s’accordent à dire que les toutes premières montagnes russes ont vu le jour, comme leur nom l’indique en Russie, au XVIème siècle. Mais ce n’est là qu’une forme extrêmement primitive de ce que l’on connaît aujourd’hui.C’étaient en fait de grandes structures en bois, mesurant près de 20m de haut qui étaient recouvertes d’une fine couche de glace due au climat de la Russie. Les riders montaient au sommet des ces structures à l’aide d’escaliers, pour descendre la pente, qui généralement était inclinée à près de 50°, assis sur des petits sièges en osier. Ils descendaient parfois très vite, (à près de 80 km/h pour certains toboggans !) et finissaient leur course en bas dans un tas de sable. Certaines versions plus évoluées étaient en forme de U, ce qui leur permettait de freiner, pour pouvoir repartir du « sommet d’en face ». Elles eurent rapidement beaucoup de succès en Russie, et c’est ainsi qu’un homme d’affaires français décida un jour d’exporter ce concept dans l’hexagone. Malheureusement, il oublia que c’était grâce à la pellicule de glace formée avec le climat très froid de Russie que fonctionnaient ces montagnes russes. Il développa ainsi un système à base de cire, et remplaça les sièges en osier par des petites luges en bois.

II. Les roues

L’ajout de roues sur les coasters est sûrement la deuxième étape la plus importante. Malgré tout, on ne sait pas réellement qui a eu l’idée en premier d’ajouter des roues sur les montagnes russes, et plusieurs versions s’opposent. On ne va cependant n’en retenir qu’une : celle qui paraît la plus probable. La montagne russe à cire a donc fait son apparition en France. Mais apparemment, elle n’a pas eu beaucoup de succès parce qu’elle fonctionnait moins bien que son homologue. C’est ainsi que, selon certains historiens, en 1804, apparurent les premières montagnes russes avec roues, et c’est d’ailleurs à partir de ce moment qu’on les appela réellement « Montagnes Russes ». Mais cespremiers essais n’étaient pas vraiment concluants du côté de la sécurité, il arrivait assez souvent qu’un wagon déraille. Bizarrement, c’est grâce à ces incidents, à ces sorties de piste, que les gens commencèrent à s’intéresser aux montagnes russes. Et ainsi, 13 ans plus tard, en 1817, les rails et l’ingénieux système encore utilisé aujourd’hui (et maintenant connu sous le nom d’upstop wheel) fut inventé. C’est un sytème à 3 roues, combiné à des rails spéciaux, qui empêchent le wagon de dérailler.

Upstop wheels

La même année, deux coasters utilisant ce système virent le jour à Paris Les Promenades aériennes et la plus connue, et sûrement celle qui représente le mieux l’ancêtre des montagnes russes modernes: Les Montagnes Russes de Belleville.

III. Le Train Fou

Aux Etats-Unis, c’est dix années plus tard qu’apparut le premier « coaster ». Coaster à son insu, puisqu’au départ il n’avait pas été construit du tout pour ça. En effet, Josiah White, l’entrepreneur d’une compagnie minière de l’époque, a fait construire en 1827, le Switchback Gravity Railroad à Mauch Chunk (ville aujourd’hui connue sous le nom deJim Thorpe) en Pennsylvanie. Il s’agissait en fait d’une voie ferrée qui permettait d’acheminer rapidement les wagons remplis de charbon des mines de Summit Hill, jusqu’à la ville de Mauch Chunk, soit 14 kilomètres. Les mules avaient pour tâche de tirer les wagons jusqu’en haut de la colline, puis les wagons redescendaient en roue libre jusqu’en bas, avec pour seuls passagers les mulets et un courageux garde frein chargé de freiner une fois arrivé en bas.

Très vite, on se passa le mot et cela devint une attraction populaire: les convois chargeaient du charbon le matin, et l’après midi, le charbon était remplacé par des passagers qui payaient 50 cents pour ce voyage dont la vitesse dans la descente frisait les 160 km/h ! Finalement, les mules furent remplacées par des moteurs à vapeur, et on avait adoucit la montée pour la rendre moins abrupte. Et c’est à ce moment qu’on vit apparaître pour la première fois le système de la roue à rochets, une roue dentée qui ne peut tourner que dans un seul sens, afin d’éviter que les wagons partent en arrière dans la montée. Ce système, dans les grandes lignes, est toujours utilisé par la plupart des coasters actuels, mais bien sûr il a été amélioré depuis. Puis en 1872, fut construit un tunnel rendant le Gravity Railroad inutile. Mais on ne le ferma pas pour autant, bien au contraire: on a construit un restaurant et un hôtel au sommet et 35 000 personnes ont ainsi fait cette « attraction » en 1873. Malheureusement, cette « montagne russe » fut fermée en 1933, à cause de la grande crise économique qu’ont traversée à cette période les Etats-Unis.

IV. La tête à l’envers

Faisons un petit retour en arrière, en 1846 pour être précis. C’est cette année là qu’unAnglais a vendu un looping à un français. Cette attraction fut installée à Paris, dans les jardins Fracasti. C’était une montagne russe simple, formée d’une descente de 13 mètres, et d’une boucle en acier de 4 mètres de diamètre. Ce coaster appelé Le chemin de fer centrifuge, fut à la mode pendant 20 ans. Une cinquantaine d’années plus tard, Lina Beecher fabriqua une nouvelle version du looping: le Flip-Flap Railway, un cercle en acier de 8 m de diamètre. Mais il suscitait une force centrifuge telle que les coups du lapin ne se faisaient pas rares et ainsi l’attraction fut vite oubliée et fermée 2 ou 3 ans plus tard.

C’est Edward Prescott qui fut le fondateur du looping moderne. Il conçut en effet une nouvelle sorte de looping à Coney Island appelé Loop-The-Loop, constitué d’une boucle mais de forme ovale réduisant ainsi considérablement la force centrifuge. Malheureusement, il ferma 6 ans plus tard à cause de sa capacité limitée. Mais vous trouverez plus de détails sur ces attractions et surtout sur un parc qui fut très célèbre: Coney Island, dans la seconde partie de cet historique.

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