Rocky Mountain Construction a directement exposé pour la première fois sur le vieux continent lors de l’IAAPA Expo Europe à Londres ce septembre. Le constructeur basé dans l’État de l’Idaho a conçu nombre d’attractions généralement classées dans le Top 25 mondial, telles que Wildfire, Zadra ou encore Steel Vengeance. Alors donc que RMC s’enracine en Europe, nous avons interrogé Jake Kilcup, le nouvel ingénieur en chef du fabricant américain pour en savoir davantage.

L’équipe de Rocky Mountain Construction à l’IAAPA Expo Europe 2022. Jake Kilcup (gauche), Romee Pompelier (Commerciale Europe pour RMC, centre) et Darren Torr (Président de RMC, droite) – Photo Romee Pompelier

Qu’est ce qui vous a motivé à ouvrir un stand d’exposition à l’IAAPA Expo Europe pour la toute première fois cette année ?

C’est un marché que nous avons à peine exploré. Nous y avons beaucoup échangé avec les parcs et de potentiels clients. J’ai pensé qu’il était important de venir et d’en rencontrer certains en tête à tête plutôt que sur Zoom ou par email.

Nous avons été en mesure de rencontrer pas mal de clients potentiels et l’on espère jeter les bases pour de futurs projets RMC en Europe.

Contrairement aux autres constructeurs qui travaillent avec des rails tubulaires, RMC utilise un rail en forme de poutre. Quels avantages ce modèle de rail apporte à l’expérience à bord de vos montagnes russes ?

Notre rail est un système breveté. Il fonctionne avec une surface plate plutôt qu’un tube circulaire. Le processus de fabrication constitue une partie majeure du brevet. Plutôt que de tordre l’acier pour ensuite peut-être avoir le besoin de le refléchir, nous l’incurvons à la main. Dès lors l’acier emprunte la route la plus fluide pour obtenir le résultat souhaité.

Les rails de Storm Chaser à Kentucky Kingdom en cours d’installation (Photo : RMC)

Tout ce processus est intégré verticalement – vous concevez et fabriquez les pièces.

Nous possédons 4,5 hectares et 4 bâtiments où nous y concevons, fabriquons, peignons et d’où nous envoyons depuis le site. Nous réalisons une bonne partie de l’installation [des attractions] par nous-mêmes.

RMC a commencé comme une entreprise d’installation. Comment ces origines influencent votre philosophie lorsqu’il s’agit de concevoir et d’ajuster les forces à bord d’une attraction ?

Notre fondateur, Fred Grubb, est un chef de construction très entreprenant et agressif. Il était chargé de rénover un nombre conséquent de montagnes russes en bois, et s’est aperçu qu’il serait amené à y revenir et remplacer les rails [en bois] assez fréquemment.

New Texas Giant, première montagne russe signée RMC

L’idée était alors de proposer une solution davantage durable. Fred s’est associé avec Alan Schilke, un ingénieur qui a également identifié ce besoin. Ensemble, ils ont été en mesure de proposer ce modèle de rail, le développer et de le concrétiser – ce qui a demandé beaucoup de larmes et de sueur ! Mais cela marche bien désormais.

Comment la configuration d’une personne par rangée sur vos montagnes russes « Single Rail » affecte les forces G sur ce type d’attraction ?

Les forces G sont désormais symétriques. On se base sur un point central, alors qu’avec des rangées où les passagers sont côte à côte, vous êtes décalé par rapport à la ligne de cœur, soit vers la gauche, soit vers la droite – dans ce cas chaque siège propose des forces G différentes.

Wonder Woman Golden Lasso à Six Flags Fiesta Texas (Photo : Flex)

[Sur les montagnes russes Single Rail] chaque siège est en mesure d’offrir les mêmes forces G. Evidemment, il reste des variables entre le siège avant et le siège tout à l’arrière – comme toujours. C’est une bonne chose à mon avis : cela offre aux gens la possibilité de choisir le siège qui correspond à leurs préférences.

Zadra à Energylandia demeure l’une des plus grandes montagnes russes jamais construites par RMC. Comment était le processus de réflexion pour concevoir cette attraction ?

Energylandia est un parc agressif. Vous avez remarqué leur croissance lors des dernières années – juste colossale. Ils ne font pas les choses à moitié; ainsi lorsqu’ils nous ont contactés, ils ont clairement exprimé le souhait de marquer les esprits en implantant une attraction RMC dans la région.

Zadra mesure 62,8 mètres de haut

Avec leurs équipes, je crois que nous avons proposé un tracé incroyable – agressif, énormément fun, et également agréable à regarder.

Le parc a fait un excellent travail d’éclairage, ainsi que sur les décors de l’attraction. Nous sommes vraiment exaltés d’avoir ouvert cette montagne russe.

Zadra possède en certaine quantité des forces G latérales le long du tracé. Comment avez-vous ajusté cet sensation en particulier ?

On aime vraiment les G latéraux sur nos attractions – les moments d’apesanteur avec G latéraux, les airtimes avec G latéraux.

Je n’aime pas excessivement les forces G positives extrêmes. Je préfère flotter dans mon siège plutôt que d’avoir mon sang qui se précipite vers le bas du corps. Beaucoup de nos tracés se concentrent sur cette sensation d’airtime.

On se base beaucoup sur les sports extrêmes – on pratique beaucoup l’escalade, le snow-boarding, le VTT… de telles activités. On essaie alors de capturer autant que possible ces expériences et les proposer dans une formule que le grand public peut adorer en toute sécurité.

Un autre moment clé de Zadra est le Zero G Stall. Comment avez-vous optimisé la vitesse à travers cet élément du parcours ?

Il s’agit de choisir la moyenne optimale en réalité. On prend en compte un train léger, un train lourd, une faible friction et une forte friction. Ce que nous avons à faire est de faire l’inventaire [des simulations] pour nous assurer que l’on choisit exactement la configuration qui permet à la majorité des trains d’offrir l’expérience souhaitée. Cela demande de la finesse pour avoir le bon résultat lorsque nous sommes en phase de conception.

En moyenne, combien de versions sont nécessaires lors du processus de conception avant de déterminer le tracé final ?

Cela dépend du client. Sur un simple design on passe par plusieurs versions juste pour s’efforcer d’avoir les forces G exactes. Nous ajustons la hauteur de tel ou tel virage de 3 mètres plus haut ou plus bas par exemple.

Pour ce qui est du tracé général, certains clients aiment la première proposition qu’ils/elles voient. Parfois, nous créons plus de 8 tracés différents jusqu’à ce que l’on parvienne à trouver LE parcours qui capture vraiment ce que le parc essaie d’imaginer.

Le tracé standard version B du Raptor coaster (Source : RMC)

Combien de personnes travaillent désormais pour RMC ? Vous-même avez rejoint l’entreprise il y a 13 ans.

Lorsque j’ai commencé j’étais la première personne de l’équipe de conception à part Alan. Je travaillais donc directement avec Alan. Au cours des dernières années nous avons triplé les effectifs de notre équipe de conception – nous sommes presque 10 dorénavant. Au total, nous employons plus de 100 personnes. Nous continuerons d’embaucher si besoin.

Nous réalisons beaucoup plus de travail de modélisation désormais. Pour les nouvelles attractions à venir, il y aura beaucoup plus de modélisation pour assister le processus de fabrication. Nous donnons à notre équipe les outils pour accomplir la quantité demandée de travail.

Nous ne construisons pas la plus grande quantité d’attractions chaque année – ce sera jamais le cas – mais nous voulons nous assurer de proposer le meilleur résultat final possible.

Quels sont les qualités que vous recherchez pour vos nouvelles recrues ? Vous semblez apprécier les individus qui comprennent l’aspect fonctionnel et opérationnel de l’industrie.

On a un bon mélange au sein de notre équipe – des ingénieurs diplômés et des travailleurs avec une expérience dans l’industrie qui ont appris le versant conception du processus. Le côté fonctionnel et le côté concept se côtoient – nos gens sont capables de tenir une conversation à travers [ces deux aspects] pour trouver la meilleure solution.

On possède aussi l’avantage de fabriquer sur place. Il est donc possible de tester nos idées dans nos bureaux, tester la faisabilité de construction et d’installation. Donc on peut toujours affiner nos concepts pour choisir l’option optimale.

Lorsque nous recrutons, on recherche tout simplement du talent. Les compétences spécifiques peuvent s’acquérir avec de la formation. Mais trouver le bon profil pour notre culture d’entreprise, la personne qui s’intègre dans notre petite équipe de conception, qui est capable de venir pour contribuer au plus haut niveau, voilà le plus important. Nous essayons de trouver ce jeune talent qui peut venir et faire avancer les choses.

On a véritablement la chance d’avoir beaucoup de passionnés. Quand on poste une offre d’emploi on a tendance a recevoir beaucoup de CV. Il existe tant de jeunes et talentueux passioné.e.s qui cherchent du travail. Malheureusement on ne peut pas tous les recruter !

Quelles sont les perspectives de recrutement à l’international ?

Je reçois beaucoup de CV de candidats au-delà des frontières. Encore une fois, on recherche les bons membres d’équipes. Pour le moment nous n’avons pas d’ingénieur hors-Amérique dans notre équipe de conception, mais notre équipe d’installation comporte des membres qui viennent d’ailleurs.

Nous n’avons pas peur d’embaucher la bonne personne – peu importe d’où qu’elle vienne.

Avez-vous des nouvelles à nous partager concernant le système de maintien des passagers sur vos trains ?

Nous avons bien reçu les retours concernant les protège-genoux et les barres de maintien qui peuvent être inconfortables.  Nous travaillons avec nos contractuels pour determiner si l’on peut changer certaines choses pour améliorer le confort.

Les trains d’Untamed à Walibi Holland (Photo Julien Rhuin)

Evidemment, la sécurité est LA priorité, donc cela restera notre norme la plus importante. Nous recherchons comment améliorer le confort sur nos trains existants, et le plan est aussi de développer de nouveaux trains. On s’assurera que cela continue de faire partie de notre processus de conception – le confort des trains et l’accessibilité pour le plus grand nombre de passagers différents possibles.

On ne peut pas encore retirer les protège-genoux de nos trains existants car ils sont essentiels au système de maintien. Mais il est possible que pour nos attractions futures nous pourrions concevoir un train sans cela, certainement.

Une des idées reçues sur RMC est peut-être que vos tarifs seraient dans la fourchette haute du marché. Affirmez-vous au contraire que votre gamme d’attractions se diversifie pour convenir au budget de chaque parc ?

Oui, absolument. Nous fonctionnons en intégration verticale – donc nous réalisons toute la phase de conception, de fabrication voire d’installation. Ainsi nous sommes en mesure de maîtriser les coûts et de proposer un excellent rapport qualité/prix.

Le modèle de coaster Raptor a été en grande partie motivé en sorte d’obtenir un tarif moins élevé.

Un rail de Raptor coaster à l’usine de Hayden

Nous sommes capables de procéder à des ajustements selon les besoins en phase d’installation – pour ce qui concerne les délais. En définitive, nous sommes aussi compétitifs que quiconque sur tous ces aspects.

Si deux parcs en Europe se mettaient d’accord pour acheter le même modèle – un Raptor, peut-être – cela conduirait-il à un prix d’achat encore plus accessible pour les deux parcs ?

C’est possible. Il existe toujours une façon de voir les choses plus créative. Si nous sommes en mesure d’obtenir ce scénario où nous sommes capables de créer le même tracé et le même processus de fabrication, cette possibilité existe.  

Il ne reste plus qu’une seule place [dans le carnet de commandes] en 2024 !

Propos recueillis et traduits de l’Anglais par Philippe-Minh Nguyen
Septembre 2022