Cet article est le troisième et dernier volet d’une série d’articles portant sur les principaux parcs suédois et leurs coulisses. N’hésitez pas à d’abord lire nos aventures à Gröna Lund avant d’enchaîner sur Kolmarden, puis cet article 🙂

Notre périple suédois 2016 s’est terminé à Göteborg, plus au sud de la Suède. C’est là que se niche un parc dont le nom résonne aisément aux oreilles de la plupart des parkfans européens : Liseberg. Apprécié depuis longtemps pour ses classiques (dont le wooden coaster Balder plusieurs fois élu meilleur wooden européen), Liseberg est un parc qui n’en arrête pas de s’améliorer, de proposer de nouveaux ajouts, et ce toujours avec un certain goût.

Le parc est géré par des passionnés, au premier rang desquels Andreas Andersen, PDG du parc et Vice First Chairman de la IAAPA (International Association of Amusement Parks and Attractions). Il sera d’ailleurs promu en 2018 Chairman of the Board de l’association. Cela s’en ressent sur l’état général du parc, sur la très bonne conservation des attractions (pourtant pas épargnées par la dureté des hivers suédois) et sur le choix des nouveautés récentes.

Andreas Andersen

Andreas Andersen

Inauguration de Jubileumsutställningens Nöjesfält.

A vos souhaits.

Imprononçable, vous dites ? Si vous étiez nés en 1923, c’est pourtant ainsi que vous auriez appelé Liseberg. Flashback…

Tout commence en 1921… Pour fêter le 300ème anniversaire de la fondation de la ville de Göteborg, doit se dérouler une exposition commémorative : l’Exposition du Jubilé du Tricentenaire de Göteborg.
Pour marquer le coup et égayer une ville considérée comme un peu morne, les politiciens en charge de ce projet décident de lui associer la construction d’un parc d’attractions. Rien de nouveau sous le soleil jusque ici – nombreux sont les parcs qui, historiquement ont vu le jour pour accompagner de grands événements. On pourrait faire un décompte de ceux qui leur ont survécus, mais c’est une toute autre histoire…
Faute de moyens, le projet est repoussé de deux ans. C’est le 8 Mai 1923 que l’Exposition ouvre enfin ses portes.

À sept heures, les cloches de l’église sonnent. Une heure plus tard, le train royal en provenance de Stockholm, arrive à la Gare Centrale de Göteborg. Le roi suédois Gustav V et le Prince héritier Gustaf Adolf sont accueillis par le président de l’exposition, Axel Carlander, et le gouverneur Oscar von Sydow. Au même moment, des coups de canon sont tirés depuis Kvarnberget (une des trois « collines » qui entourent Göteborg). Les festivités s’enchaînent et, à 17h (qui, pourtant, est habituellement l’heure du goûter), un banquet prend place dans divers lieux de la ville… y compris dans le parc de divertissement, qui reçoit à cette occasion ses premiers visiteurs.

En 1923, le tout jeune parc n’a pas encore de nom propre, et la population l’appelle négligemment Jubileumsutställningens Nöjesfält, comprenez, le « parc d’attractions de l’exposition du jubilé du Tricentenaire ».

Quoi qu’il en soit, le parc attire très rapidement la curiosité des locaux – le premier dimanche d’ouverture, en deux heures, ce sont près de 3000 passagers qui viennent essayer Bergbanan, coaster en bois qui fait office d’attraction phare du parc. A l’époque, c’étaient encore des conducteurs à bord du train qui se chargeaient de freiner pour réguler la vitesse du train. C’est un procédé encore à l’oeuvre sur de très rares attractions, et pour un intérêt historique uniquement – « proche » de vous, c’est à Tivoli Gardens, à Copenhague, sur l’attraction Rutschebanen, que vous pourrez encore faire un « coaster avec chauffeur »

Mais l’histoire est trop belle, et le soir du 4 Juin de la même année, 2 trains se entrent en colision sur le lift de Bergbanan. Plus de peur que de mal, mais l’attraction est fermée, et subit une importante révision. Le process de signalisation, qui voulait jusque là que le conducteur du train faisant face à un problème klaxonne, signal qui alerterait le chef de station qui enverrait un signal à l’ingénieur en salle des machines qui activerait des lumières rouges sur le parcours (véridique), est simplifié. L’attraction rouvre le 10 juin, mais progressivement, d’abord avec un train. Les attractions du parc ouvrent au compte-gouttes, avec comme autre attraction marquante un cabaret qui, dès la fin de la saison, accueille le Circus Novello, qualifié de révolutionnaire avec ses 60 artistes, chiens et singes.

Pour s’agrandir, le parc fait des appels d’offres et loue (notamment ses carrousels) à des propriétaires privés. Le début d’une longue tradition qui perdurera longtemps à Liseberg.

C’est d’ailleurs pendant l’inter-saison 1923-1924 que Jubilemsut… enfin, le parc, quoi, est officiellement baptisé Liseberg, nom suggéré par une certaine Anna Grötting à la suite d’un concours initié par la municipalité. Les autres possibilités envisagées étaient, pour l’anecdote, Lustgarden ou encore Penningödsla. Lisbeberg n’est autre que le nom historique (mais totalement oublié) que l’on donnait au 18ème siècle à la zone où est établi le parc. Le nom est donc, en toute logique, unanimement adopté. Tir à l’arc, équitation, bowling, billard sont quelques-unes des nouvelles activités proposés en 1924 – en fin de saison, le parc comptabilise 473 319 visiteurs. La dynamique est lancée. Elle ne s’arrêtera plus.

Le parc aujourd’hui

C’est accueillis par Jonas, opérateur historique du parc, que nous avons eu la chance de découvrir les coulisses de Lisebergbanan et Balder. Ces deux coasters (datant respectivement de 1997 et 2003) ne montrent aucun signe de vieillesse.

Je laisse les photos parler d’elles-mêmes !

Commençons par Lisebergbanan :

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Passons à celles de Balder, qui dispose, comme vous allez le découvrir, d’une cabane privative assez bien située !

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« We were there » ! Evidemment, ceci a été fait en accord sur le parc en une enduit invisible par les visiteurs !

Le parc est fait d’attractions variées. On y trouve d’abord des flat-rides agréables, qu’il s’agisse du Star Shape Mechanica, du très angoissant Uppswinget à flanc de falaise, du tout nouveau Loke ou bien encore d’Atmosfear, free-fall qui vous donnera à coup sûr le vertige, puisqu’elle vous propose une chute d’environ 100 mètres, sa base étant elle-même située au point le plus haut du parc !

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Le parc compte aussi quelques attractions annexes telles que Hotel Gasten, parcours horrifique payant qui n’est pas mémorable pour la dose de peur qu’il procure (et pour que ce soit moi qui dise ça…) mais pour sa thématisation, inégalée dans ce genre d’attractions. La zone enfants, Kaninlandet, enfin, thématisée jusqu’aux moindres détails et pas criarde pour un sou, ravit également les enfants suédois.

Petit arrêt sur les coasters, enfin. Feu Kanonen (que j’aimais bien mais qui divisait de par son aspect compact) va être remplacé, comme vous pourrez le lire plus bas. Balder reste un wooden coaster proposant une bonne dose d’airtimes, et une first drop très efficace.

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Lisebergbanan propose de glisser de relief en relief, et sa version « pour adultes » & plus récente, Helix, ravira ceux qui aiment les parcours variés. Une musique qui vous reste en tête (même si elle est bien trop courte pour être supportée plus d’une heure !), des propulsions peu nerveuses mais compensées par ce parcours incroyablement varié. Du G positif de bas de Pretzel Loop aux Gs négatifs de cette bosse de fin de parcours : Helix n’est pas un coaster brutal, il séduit par sa variété et ses formes qui épousent parfaitement le terrain environnant, résultat de plus de 14 essais de layouts prévisionnels. Voici, par curiosité, l’un d’entre eux et le résultat final, à titre de comparaison !

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Lorsque la nuit tombe sur le parc, c’est la zone d’Hotel Gasten qui est la plus stupéfiante. Les bâtiments sont recouverts d’ampoules jaunes qui éclairent la place ; en contrebas, ce canal ; autour de vous, cette musique et
la piste de danse où des couples d’un certain âge se laissent emporter, appliqués, par le rythme des chansons traditionnelles qui résonnent. Au fond, comme une aurore boréale, furtive, les trains d’Helix éclairent le ciel de brefs éclairs verdoyants. Nous voici transportés au temps de la Ligue Hanséatique, par une douce nuit d’été. Alors on sourit, un peu bêtement. Parce que nous sommes bien ici, heureux, présents au moment, et un peu ailleurs à la fois.

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Et demain ?

Demain ou presque (en 2018), c’est Valkyria, un Dive Coaster de chez B&M qui ouvre ses portes en remplacement de Kanonen.

Quand on vous dit que ce sont des passionnés..!

Valkyria

Concept art de Valkyria


Le parcours de 700 mètres comportera une inversion supplémentaire et sera un peu plus haut (50 mètres de chute) que ses autres voisins de mini-dives européenes (Oblivion : The Black Hole à Gardaland, et Baron 1898 à Efteling.) Définitivement, Liseberg devient un incontournable.

A horizon 2021, pour marquer l’anniversaire des 400 ans de Göteborg, ce sont un parc aquatique de 17000m2 en arrière du parc actuel et son hôtel de 453 chambres qui devraient venir se greffer à ce qui existe déjà, rendant l’offre du parc plus complète (et moins météo-dépendante). Investissement total : 200 millions d’euros ! De bien belles perspectives, en somme.

 

Voilà qui marque la fin de ce petit reportage à la découverte des parcs suédois. Les trois sont définitivement à découvrir, si vous n’en avez pas eu l’occasion. Et je mets ma main à couper qu’en groupe, c’est encore mieux… mais pour cela, il va falloir patienter un peu ! 🙂

Un grand merci à

  • Gleap d’avoir repéré, sur Lisepedia, ces informations absolument passionnantes sur la genèse de Liseberg
  • Andreas Andersen et Daniel Lindberg, de Liseberg
  • et à Antoine, Jay, Quentin, Jon, Louise, Joris, Benjamin et Florian d’avoir fait partie de cette jolie expédition !

Mathis
Octobre 2017
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