L’ambition d’Europa-Park semble ne plus avoir de limites. Alors que les travaux de son futur parc aquatique Rulantica et nouvel hôtel thématique adjacent -Kronosar- vont bon train, qu’un nouveau coaster est prévu dans les bacs en 2021, le parc s’est payé le luxe (nécessaire) d’une rénovation express d’Eurosat. Un quartier entier brûle en Avril ? Aucun problème : une équipe est constituée pour gérer en parallèle la reconstruction de Piraten in Batavia sans que cela ne perturbe la deadline de l’ensemble des expansions…

La rénovation d’Eurosat a été pour le moins express par la durée (moins de 300 jours entre le dernier tour d’attraction et l’ouverture d’hier), mais pas bâclée pour autant. 

L’objectif du parc était double, et c’est à cette aune-là qu’il faut comprendre cette nouveauté :

  1. Il fallait dépoussiérer Eurosat, violent par endroits, au thème devenu obsolète et kitsch à souhait. Rien de plus normal pour une attraction qui date de 1989 : Franz Mack a beau avoir mis tout son coeur à l’ouvrage, les possibilités techniques et les mentalités ont évolué en l’espace de 30 ans…
  2. Pour autant, cette nouvelle expérience devait également résonner comme un hommage, une réhabilitation au sens premier de l’Eurosat originel, dont les grandes caractéristiques devaient être conservées : un grand-huit dans le noir, qui s’effectue dans un espace sphérique, pas trop rapide, pas trop intense… Ce second impératif prendra tout son sens dans un instant, quand il s’agira d’analyser le résultat final.

Le partenariat avec le Moulin Rouge, aujourd’hui dirigé par une famille à l’instar d’Europa-Park apparaissait comme un choix artistique surprenant au moment de l’annonce, assez éloigné de la cible familiale du parc. Pourtant, une fois dans la zone, elle a en fait la force d’une évidence. Car le Moulin Rouge est avant tout le symbole d’un temps, la Belle Epoque, qui résonne aujourd’hui encore dans l’imaginaire français. 

C’est accompagnés de danseuses du Moulin Rouge et au son de leurs cris stridents propres au French CanCan que l’attraction a été inaugurée par la famille Clérico et Mack. Ce moment passé, il nous tardait de pouvoir nous faire notre propre avis…

Le visiteur traversera une file composée de 6 pièces variées, toutes ultra-thématisées, à l’instar du Volétarium. Les danseuses sont peu montrées et c’est avant tout une décoration typique des années 20 qui est mise en avant : murs de briques délabrés, statue de la Liberté, atelier d’artiste, vieux grenier… Les pièces s’enchainent, pleines de trouvailles visuelles, sonores, et d’hommages à d’autres attractions, d’Europa-Park ou d’ailleurs. L’immersion est réussie. 

Le coaster est une pépite technologique : chose unique au monde, la structure des poteaux a été conservée, et seuls les rails ont été entièrement changés. Ceux-ci ont été peints en rouge, en hommage au Moulin de la même couleur évidemment, mais aussi de la maquette initiale d’Eurosat par Franz Mack qui, étonnamment… comportait des rails de cette couleur !

Exit les transitions bancales, le track est ici d’une fluidité absolue et le parcours reste relativement soft niveau sensations. Les rails sont d’ailleurs quasi-dépourvus de soudure, ce qui a rendu le montage à travers la petite ouverture e la sphère assez chaotique… Le niveau du soundtrack onboard mérite d’être ajusté mais est de bonne qualité, à mi-chemin entre hommage à Eurosat et musique traditionnelle du cancan.

Avec comme point d’orgue technologique, ce rail de transfert, petit bijou qui permet d’orienter les trains sur 5 tronçons de rails différents à lui tout seul. Une prouesse technologique géniale.

Là où ça pêche un peu plus, c’est concernant le choix thématique des décors onride. Sûrement pour être en cohérence avec l’aspect d’Eurosat, le choix n’a pas été porté sur ce qui aurait pu être un décor extrêmement psychédélique. En effet, pour calquer la folie des danses du Moulin Rouge qui font tourner la tête, on aurait pu penser à une expérience sensorielle un peu désorientante, où tunnels de lumière et effets visuels auraient perdu le visiteur. Rien de tout cela ici, mais, comme dans Eurosat, une ambiance plutôt très sombre où quelques décors fluos viennent surprendre le visiteur. Dans l’ensemble, c’est réussi, et tous les classiques de Paris sont là, de la Tour Eiffel durant le lift à Notre-Dame et ses cloches et l’Arc de Triomphe que l’on traverse en fin de parcours; Mais tout ça manque un tout petit peu de relief pour être à la hauteur de la promesse de la file d’attente…

Ne nous y trompons pas : le pari initial (le double impératif que j’évoquais en début d’article) est relevé. Simplement, comme souvent à Europa-Park et malgré un thème pour le coup osé, la réalisation finale est sage, et ne décevra personne, tant l’expérience est plaisante pour tous. Mais parviendra-t-elle à séduire, possédera-t-elle le côté marquant d’Eurosat ? Les visiteurs le diront.

L’inauguration de Coastiality Eurosat s’est faite de manière beaucoup plus discrète, dans la foulée du Can Can Coaster. Si bien que le temps de faire un premier tour de la version ‘classique’, la version VR avait déjà fermé ses portes. Seuls quelques heureux élus semblent avoir, par on ne sait quel miracle, pu tester cette version… Preuve que l’attraction n’était pas rodée, d’ailleurs, un ticket nous a été remis pour refaire l’attraction gratuitement dans le cours de la saison restante.

Il faudra donc attendre encore un peu pour que nous puissions donner notre avis sur ce concept de VR de ‘Roam & ride’ (l’expérience de VR commence dans la file d’attente), qui semble un peu être la dernière planche de salut de ce dispositif.

Avec le dark-ride sur Mme. Freudenreich, la péniche-restaurant La Liberté, le stand de tartes flambées, le show aquatique sur le petit plan d’eu et ce fameux Can Can Coaster dont les façades sont resplendissantes, la zone française prend toutes ses lettres de noblesse, et devient enfin à la hauteur des relations bien particulières qu’entretient le parc avec son voisin français. 

Tout cela est encore une fois très prometteur pour la suite, dont on se demande ce qu’elle nous réserve… Au-delà des projets actuels annoncés, qu’adviendra-t-il des quartiers d’entrée vieillissants comme l’Italie et ses dark-rides ? Comment le douloureux Euro-Mir va-t-il évoluer ? 

Le parc doit continuer à prendre des risques, à sortir des sentiers battus. Europa-Park n’a plus grand chose, malgré une communication qui se veut comme telle, d’un petit parc familial. Il est en train de gérer, habilement, sa métamorphose en très grand parc. Avec ce changement d’échelle, les attentes évoluent, et l’on demande à Europa-Park de proposer un grain de folie, d’oser plus qu’il n’a pu le faire avec des choix plutôt conservateurs par le passé. Avec cela, peut-être pourra-t-il enfin prétendre, de manière parfaitement objective au-delà des divers prix, au titre de meilleur parc du monde.

Merci aux équipes du parc et tout particulièrement à Sébastien Ganzer, qui s’est battu pour que les fans français retrouvent une petite place au sein du panel d’invités constitué par Europa-Park !

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