L’heure de la messe a sonné. Comme chaque année se tient actuellement à Orlando l’IAAPA Attractions Expo organisé par l’association éponyme. Ce salon de quatre jours est l’événement clé de l’industrie du loisir : en 2017, ce sont 38 000 professionnels du monde entier qui ont fait le déplacement en Floride pour rencontrer quelques 1114 exposants ou écouter l’une des 118 conférences proposées lors de cette semaine.

C’est l’occasion pour les constructeurs leurs nouveaux modèles présents au catalogue ou, encore mieux pour les parcs, d’officialiser l’arrivée de nouvelles attractions. Cette année n’a pas dérogé à la règle… Mais hier soir, il est deux annonces qui ont retenu notre attention…

Depuis OzIris en 2012, la Compagnie des Alpes est dans une vraie dynamique d’investissement, après quelques années disons… passives. OzIris, Timber, Lost Gravity, L’Extraordinaire Voyage, Pulsar, Pégase Express sont quelques-unes des créations qui viennent spontanément à l’esprit pour évoquer le renouveau de ce grand groupe, qui possède par ailleurs un bon nombre de stations de sport d’hiver.

En 2019, le groupe ouvrira trois coasters marquants – un Infinity Coaster de chez Gerstlauer à Walibi Rhône-Alpes, le premier retrack RMC d’Europe à Walibi Holland et un coaster encore mystérieux au Futuroscope. Si ces 3 nouveautés restent encore assez floues, c’est sur deux projets de plus long terme que la CDA a décidé hier soir de lever le voile, deux martingales sur lesquelles les passionnés n’ont pas fini de languir : le prochain coaster de Walibi Belgium… et du Parc Astérix.

 

• Walibi Belgium

Le premier gagnant de cette soirée est Walibi Belgium, qui accueillera en 2021 un Hyper Coaster Intamin, au sein d’un plan de rénovation bien plus large dont il constituera le clou du spectacle, en quelque sorte.

On commence avec un aperçu du parcours :

@intaminrides delivers again! No timeline for delivery but this ride is coming! @walibibelgium May be blowing it up with this hyper. #hyper #airtime @iaapa #coasters #IAE18 #convention #reveal #rollercoaster #coasterforce #insane #coastersofinstagram #thrills #fun #iaapa #themepark

Publiée par CoasterForce sur Jeudi 15 novembre 2018

Les stats sont dignes d’un Hyperion, qui a déchainé les passions cette année lors de son ouverture à Energylandia, en Pologne.

Quelques stats : on parle d’un coaster de 50 mètres de haut, 1200 de long, 113 km/h, 15 moments d’airtime… Si le type de coaster est classique, on sent la volonté chez Intamin de renouveler le genre et enfoncer le clou déjà planté avec Hyperion, en proposant un parcours nerveux, sans temps mort (pas de middle breaks) et beaucoup plus tortueux que certaines de ses précédentes créations.

D’où ce premier « Non-Inverted Cobra Roll », cette « Outward Banked Airtime Hill » (airtime latéral grâce à une inclinaison brusque sur une bosse qui se serait normalement contentée d’un airtime vertical). N’oublions pas enfin cette first drop, très emblématique et qui sonne comme un hommage évident à Expedition Ge Force qui avait largement contribué à faire la réputation d’Intamin dès son ouverture en 2001 et continue à être classé comme un des meilleurs coasters de la planète, le 14ème selon notre classement Captain Coaster (novembre 2018) !

Ce futur coaster promet donc d’être particulièrement suivi et est l’allégorie parfaite de ce que veut être Intamin aujourd’hui : un constructeur moderne et dans l’air du temps (parcours à la RMC) qui sait faire du très bon à partir de type de coasters classiques (Hypercoaster), tout en sachant rendre hommage à ses précédentes créations.

On attend la réponse de B&M, seul constructeur à ne pas avoir pour l’instant cédé à la pression du renouvellement entamée partout ailleurs (Mack, Intamin, Vekoma, S&S, Maurer pour ne parler que des coasters…)

• Parc Astérix

La plus grosse surprise vient peut-être du Parc Astérix, dont le nouveau coaster est une arlésienne qui courrait en vérité… depuis l’ouverture du très marquant OzIris, en 2012.

Les spéculations sont allées bon train, les projets ont évolué : Flying, Dive Coaster étaient des options sur la table. Et puis, face au succès de Taron à Phantasialand, une évidence, peut-être : et si l’originalité n’était (déjà ?) plus la position du coaster ou un seul élément marquant, mais un parcours d’ensemble ? Les coasters longs reviennent à la mode (Helix en est le parfait exemple) et connaissent un véritable succès. Les launchs n’ont jamais été aussi efficaces et utilisés, tout particulièrement les Triple Launchs (petit launch avant, remontée sur une pointe vers l’arrière, puis catapultage définitif qui vous projette sur la suite du parcours).

C’est ce sur quoi mise le Parc Astérix, avec sa nouveauté 2021.

Le parcours est assez long et promet lui aussi d’être dément, avec pas moins de 30 éléments qui s’enchaînent su 1361 mètres de parcours,  : 23 moments d’airtime (un record pour un steel coaster), 4 launchs dont une séquence de 3 launchs successifs, un Top Hat qui va être ralenti sur le sommet pour obtenir un combo d’airtime et d’une descente pas si éloignée finalement d’une dive, sans compter tous ces éléments aux noms barbares mais tellement jouissifs, que je vous laisse consulter à votre bon gré sur cette vidéo :

Voici un aperçu global du layout. Attention, quelques petites modifications ont été effectuées depuis que ce concept-art a été dévoilé, basez-vous donc plutôt sur la vidéo ci-dessus pour avoir le parcours définitif !

Nous avons contacté Sascha Czibulka, Vice-Président d’Intamin et lui avons posé quelques questions. Voici ses précisions avec quelques photos en bonus :

« Le triple launch sans arrêt est rendu possible grâce à un aiguillage rapide particulièrement sophistiqué combiné à un système de contrôle électrique spécial, ce qui permet d’interrompre le launch en immobilisant le train. (C-a-d : si l’aiguillage ne fonctionne pas correctement, le train est freiné jusqu’à arrêt complet) »

« Le Top Hat « Anticipation Stall » conçu pour le Parc Astérix est le premier du genre sur un launch coaster. Le train avance au ralenti à une vitesse très réduite et sans aucun a-coup en traversant une série de freins magnétiques. Ainsi les passagers sont dans une position qui fait grimper le suspense car ils se retrouvent face à la descente ainsi qu’une bonne partie du parcours qui suivent. »

Et dire qu’entre temps, le Parc Astérix va se payer le luxe d’ouvrir un très bel hôtel, dont voici les derniers concept-arts… Le parc est visiblement parti sur une lancée qui n’a rien à envier à celle de son futur coaster !

• Analyse :

Quelques heures après la folie que l’on a connue hier soir, sur notre page Facebook notamment, il est temps de faire le point. Cette séquence a été éprouvante (pour nous !) mais surtout très jouissive pour les passionnés que nous sommes : ce genre d’annonces simultanées (est-ce d’ailleurs bien pertinent d’un point de vue communication ?) est rare et délicieuse à vivre.

Elle symbolise l’explosion de plusieurs choses : l’arrivée à la prise de décisions de vrais passionnés. C’est vrai à la fois chez Intamin avec Camiel Bilsen, jeune ingénieur que nous avons interviewé à l’EAS :

C’est également vrai au sein des parcs et grands groupes de parcs : chez la Compagnie des Alpes, citons le plus connu d’entre eux,  qui, en véritable passionné, s’extasiait dès le début des années 2000 devant un EGF lors un reportage télévisé (que je ne ressortirai pas, par pudeur pour sa personne… !)

Les faits sont là : comme le disait dans un article récent Andreas Andersen, directeur de Liseberg et passionné lui aussi, « nerds are taking over », et l’explosion de leur créativité, rendue possible par l’attrait croissant des parcs, donne lieu à ces annonces et surtout, à leur réalisation !

Ceux qui s’extasiaient il y 10 ans sur es coasters mythiques, exceptionnels, sont désormais à même de pouvoir leur créer des successeurs, et c’est extrêmement touchant d’avoir la chance d’assister à cette éclosion. Quelle est la prochaine étape pour la Compagnie des Alpes ? Une généralisation des rénovations de wooden RMC pour Loup-Garou (Walibi Belgium) et Tonnerre de Zeus (Parc Astérix) ? Ce serait en tout cas une étape logique dans cet appétit féroce de la CDA.

D’un point de vue choix du coaster en quelques mots : le choix d’Intamin, audacieux, nerveux et souvent plus enclin à des créations plus originales mais aussi un peu plus capricieuses, traduit bien la volonté de la CDA : celle de prendre des risques. Entre le coaster du Futuroscope, de Walibi Belgium et du Parc Astérix, ce sont trois appels d’offre majeurs que vient de remporter le constructeur helvète. Un véritable tour de force !

La création du Parc Astérix est tout particulièrement osée : elle fait le pari d’un coaster qui, hormis son Top Hat et sa flèche (ce qui est déjà pas mal, je vous l’accorde), est assez au ras du sol et sera très clairement précurseur, changeant le paysage des parcs français et européens. Quel plaisir de voir l’Europe et surtout la France rattraper leur retard !

Reste à voir si le public sera sensible à ces nouveautés. Pour cela, nous avons encore 3 ans devant nous. Alors rejoignez-nous pour interagir et suivre pas à pas ces projets, ici pour la nouveauté du Parc Astérix, et là pour celle de Walibi Belgium.


Des questions, des commentaires, des suggestions ? N’hésitez pas à nous écrire ci-dessous !

Sources : Coaster Force & Androland