Devenir une destination de choix dans une région encore peu accoutumée aux parcs d’attractions, c’est l’ambition de The Land of Legends situé à Antalya en Turquie. Inauguré en 2016, le parc s’est distingué l’an dernier avec la construction d’Hyper Coaster, une grande montagne russe de 61 mètres de haut fabriquée par Mack Rides ! Un investissement spectaculaire qui s’inscrit dans un plus large ensemble comprenant un parc aquatique, un hôtel, une galerie marchande, et bientôt plus encore. Nous avons rencontré son directeur général, Cem Tuna, pour comprendre les enjeux d’un tel projet.

Pouvez-vous vous présenter, ainsi que The Land of Legends ?

Après avoir travaillé pendant 25 ans pour plusieurs parcs en Australie, dont Dreamworld, j’ai dirigé le parc de ViaLand (NDLR : désormais connu sous le nom d’Isfanbul) près d’Istanbul pendant 5 ans pour superviser sa construction et son ouverture. Ensuite, je suis arrivé en septembre 2017 à Land of Legends pour préparer l’ouverture de sa deuxième phase d’expansion comprenant les premières attractions non-aquatiques du parc. Les commandes auprès des constructeurs avaient déjà été passées, et j’ai contribué à mettre en œuvre les processus techniques et opérationnels de nos équipes. Le dry park compte actuellement 22 attractions, toutes incluses dans le prix d’entrée.

Hyper Coaster est le « diamant » de notre parc. C’est un projet de très grande envergure : le parcours dure plus d’une minute, mesure 1200 m de long avec un looping de 50 m, le plus haut au monde (NDLR : à égalité avec Flash situé à Lewa Adventure en Chine). Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le constructeur Mack Rides qui s’est chargé de superviser le chantier. Cela s’est déroulé sans encombre et dans les délais. Hyper Coaster a ouvert il y a bientôt un an, et nous n’avons pas connu de soucis techniques.

Pour les visiteurs, Hyper Coaster est très intimidant. Beaucoup l’observent longuement et n’osent pas monter à bord. Mais après avoir fait un tour, ils veulent déjà en refaire un autre ! C’est une attraction massive qui attire vraiment les gens. Je crois qu’Hyper Coaster restera notre atout majeur pour longtemps.

Avec le parc aquatique, le resort comporte 75 attractions en tout. Nous avons également un hôtel de 330 chambres et sommes ouverts toute l’année. Pour 2018, nous avons accueillis 850 000 visiteurs pour notre première année en tant que parc polyvalent, ce qui est proche de nos objectifs. Nous travaillons déjà sur la phrase 3 d’expansion qui sera située derrière la zone d’Hyper Coaster. Elle fera environ 40000 m² avec quelques nouvelles attractions à sensations mais surtout des attractions familiales thématisées pour compléter notre offre.

Quels ont été vos critères pour choisir chaque attraction du parc ?

Notre objectif est de satisfaire un public large comprenant à la fois les familles, mais aussi les ados et jeunes adultes. C’est pourquoi le parc comporte un mélange d’attractions familiales et de thrill rides. Récemment, nous avons installé deux nouvelles attractions fabriquées par Gerstlauer : Family Coaster et un Sky Fly. SBF Visa, un constructeur italien, a également fourni plusieurs attractions, en particulier celles pour enfants. Nous avons aussi un Watercoaster Intamin, Typhoon.

Pour Hyper Coaster, nous avions identifié le besoin d’une attraction « star » qui serait l’emblème du parc. Nous avons regardé un éventail de produits potentiels chez différents constructeurs et nos investisseurs ont notamment visité Europa-Park. Finalement le choix s’est porté sur Mack Rides car leur proposition était la plus convaincante, notamment au niveau des délais de fabrication et de livraison.

Le choix des fabricants s’est fait très minutieusement, selon des critères de performance, de fiabilité et de qualité du service après vente. Nous avons connu très peu de pannes : lors de notre première année d’opération, nos attractions ont été en fonctionnement 98% du temps.

Hyper Coaster est la première attraction du genre en Turquie. Comment en assurez-vous le bon fonctionnement ? Quel rôle joue Mack Rides dans ce processus ?

Tout d’abord nous suivons le manuel d’exploitation de l’attraction fourni par le constructeur. Hyper Coaster est la seconde itération d’un parcours initialement construit en Chine. Néanmoins, les conditions climatiques en Turquie sont différentes, et nous avons procédé à quelques ajustements, en fonction notamment des vents rapides, de la chaleur et même parfois du froid ! Dans cette optique, Mack Rides est resté en lien étroit avec nos équipes pour affiner les procédures d’opération de l’attraction. Le service après-vente est un point fort du constructeur allemand – ils se montrent très disponibles lorsque nous avons besoin de précisions supplémentaires. De manière générale, les fabricants renommés comme Mack comprennent les contraintes d’opérer un parc et savent répondre à nos questions.

 

Batuhan Ağmaz, chef de la maintenance du parc nous apporte également quelques précisions :

La sécurité est notre priorité. Je prends soin de la maintenance en pensant que ma propre famille veut monter à bord de nos attractions. Chaque jour, les trains d’Hyper Coaster sont inspectés avant l’ouverture du parc – chaque roue, chaque barre de maintien qui composent les véhicules sont contrôlées. Pendant deux heures, 4 personnes de l’équipe technique font le tour et inspectent le périmètre entier de l’attraction. Nous vérifions visuellement que tous les écrous sont bien vissés – à l’aide de jumelles pour les parties élevées du parcours. Cela inclut également une marche sur l’escalier de maintenance jusqu’au sommet de la structure.

 

 

Deux lignes peintes de couleurs vives sont tracées sur chaque écrou et son emplacement lors de l’assemblage du coaster. On vérifie ainsi rapidement si la pièce est correctement vissée.

 

Cem Tuna : Lorsque de nouveaux employés arrivent, nous organisons trois jours de formation théorique dans nos bureaux, axée notamment sur la sécurité et les opérations du parc. L’entrainement se poursuit alors sur le terrain et sur les attractions pendant 7 ou 8 jours. L’apprenti passe ensuite un examen, et s’il réussit à obtenir une note de 80% ou plus, il continue sa formation sous la tutelle d’un opérateur expérimenté, présent sur l’attraction depuis au moins une saison. S’ensuit un deuxième examen pratique focalisé sur le fonctionnement de l’attraction et les procédures d’urgence. Si l’employé satisfait à toutes les exigences de ce test, il est dès lors certifié par le parc et peut opérer l’attraction. Une formation complète dure entre 2 semaines et demi et 3 semaines, et les sessions de formation commencent en mars pour s’achever en juin au début de la période d’affluence.

Comment avez-vous procédé pour concevoir et réaliser les décors du parc ?

Nous avons réalisé un petit village pour cette partie du parc. C’est un mélange de toutes les cultures qui regroupe des éléments inspirés des quatre coins du globe, tout en conservant les dimensions et l’atmosphère d’un village.

Nous travaillons avec Megaprojects pour nos décors. C’est une entreprise spécialisée du bâtiment, qui possède ses propres designers et architectes.

Les parcs d’attractions d’envergure sont encore peu présents en Turquie. Quelles contraintes spécifiques avez-vous dû surmonter pour développer The Land of Legends ?

C’était un sacré challenge ! En Europe, certains parcs sont ancrés dans leurs territoires depuis des décennies comme Europa-Park, mais il n’y a pas encore une telle tradition en Turquie. Cela étant, les recettes qui fonctionnent ailleurs ne marchent pas toujours ici. Nous devons concilier les méthodes de travail habituelles et les propositions de décors de nos sous-traitants avec les aspects opérationnels d’un parc d’attraction aux normes internationales. Pour Hyper Coaster par exemple, nous avons dû nous assurer que les concepts architecturaux répondaient précisément à nos besoins en termes d’espace de maintenance et dépôts techniques. Il faut aussi être attentif à la qualité de la construction des bâtiments, pour que ceux-ci soient résistants pour le contexte spécifique d’un parc de loisirs.

Un grand merci à Cem Tuna pour avoir répondu à nos questions et à toute l’équipe de The Land of Legends pour leur accueil chaleureux !

 

Interview réalisée et transcrite de l’anglais par Philippe-Minh Nguyen
Mars 2019
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