Le 10 Décembre dernier, le Futuroscope inaugurait sa dernière nouveauté en date : l’Extraordinaire Voyage. Ce Flying Theater de chez Dynamic Attractions était, depuis plusieurs années, dans les cartons du parc. Nous avons eu la chance de le découvrir lors de son inauguration presse avec BenJ, Flo et Alexis. À l’occasion de l’ouverture de sa saison anniversaire de 2017, voici notre avis !
L’Extraordinaire Voyage était un projet nécessaire : Les Voyageurs du Ciel et de la Mer qu’abritait anciennement le « Tapis Magique » vieillissait assez mal ; l’expérience n’avait plus rien d’impressionnant ou d’extraordinaire. Il fallait insuffler à ce bâtiment emblématique du parc une nouvelle jeunesse. Le pari est tenu, et ce d’une manière plutôt intelligente :
Une attraction qui s’intègre à un parc pré-existant
Le titre peut paraître un peu brumeux, mais l’idée est importante : je vais donc développer.
Très rares sont les attractions qui, en plus d’avoir une storyline, s’inscrivent pleinement et de manière cohérente dans l’environnement réel qui les entoure ; c’est pourtant ce qu’à souhaité faire le Futuroscope avec cette nouveauté.
Pour comprendre, il faut revenir sur la storyline de l’attraction : à bord d’un vaisseau futuriste, le Skyloop, vous embarquez donc pour un tour du monde en… 4 minutes ! Le bâtiment réel de l’attraction (le Tapis Magique) constitue, dans le film, le hangar depuis lequel vous démarrez votre voyage. Des rappels du parc sont placés tout au long de l’attraction, notamment à travers les portails géographiques vous permettant ce voyage autour du monde express.
Dans le second preshow, celui de la « navette » vous emmenant du Hall des Destinations vers votre vaisseau, vous traversez ce que pourrait être le Futuroscope de l’horizon 2050…
Cette projection est osée mais pas ridicule du tout ; ça fonctionne.
Avant d’embarquer, vous aurez le droit au spiel de sécurité habituel effectué par une hôtesse sur des écrans (écrans dont la résolution est par ailleurs bluffante). Le speech, que ce soit par le costume ou le ton, ressemble très étrangement à celui de… Star Tours. Un bel hommage ! Il en existe deux versions, qui passent successivement à deux minutes d’intervalle : le premier est rempli de traits d’humour et fait patienter les premier arrivés dans la file ; le second est plus sérieux et reprend les éléments essentiels du vols.
Notons enfin que certaines portes du Hall des Destinations, que je vais évoquer dans un instant, reprennent des attractions du parc.
Ce niveau de détail et de finition est particulièrement réjouissant, et n’augure que du bon pour la suite.
Une vraie immersion
J’en viens à la grande question que beaucoup d’entre vous se sont posés : l’attraction tient-elle ses promesses en terme d’immersion ? La réponse est oui. Cela commence dès la file d’attente extérieure, où coloriages, points photos et explications de l’oeuvre de Jules Verne occupent le visiteur. Une fois à l’intérieur, il est embarqué par les preshows successifs : l’expérience, en quelque sorte, a déjà démarré.
La première pièce intérieure qui se dévoile est le Hall des Destinations. Un joli tableau d’affichage d’aéroport annonce les prochaines destinations des vols de la compagnie Sky Airlines, qui opère le vol du Sky Loop que vous êtes sur le point de prendre. Quand l’heure de la destination arrive, la porte lui étant associée s’allume, laissant une animation se dérouler. A chaque porte correspond une référence culturelle classique, ou encore mieux, une attraction du parc (Arthur et les Minimoys, La Machine à Remonter le Temps).
Le visiteur arrive ensuite dans une seconde pièce, où le commandant Franck Garnison le briefe sur les raisons de son voyage. Il parvient ensuite dans la navette l’amenant au pied du pas de tir du Skyloop. Des écrans simulent le déplacement de cette rame de métro futuriste. Le Futuroscope de demain se découvre : un Futuroscope luxuriant, ambitieux, détonnant, « lieu de départs et d’attractions expérimentales vers de multiples voyages extraordinaires » s’offre devant nous. La qualité d’image est absolument irréprochable : on s’y croirait presque. Ne manquerait plus que la plateforme soit sur vérins et bouge très légèrement lors des accélérations et déclarations, et ça serait parfait. Hormis ce petit défaut, la qualité est là. Nous sommes de plus en plus impatients d’embarquer.
Dernier speech, de sécurité cette fois-ci, que j’ai évoqué plus haut. Les portes s’ouvrent : nous arrivons dans le hangar. Petit détail très important : l’écran n’est jamais vraiment éteint : le fond fixe durant notre embarquement présente les portes du hangar (qui n’est donc autre que le Tapis Magique), et qui s’ouvrent au moment du décollage. Les opérateurs sont habillés tels de vrais hôtes/hôtesses et commandants de bord.
La vérification effectuée, le vol peut commencer : la plateforme se relève à 90° vers l’avant, les rangées qui étaient jusqu’à maintenant les unes derrière les autres passent les unes au dessus des autres, et les portes (virtuelles) du hangar s’ouvrent.
Deux très bons points : les sièges sont proches de l’écran ; et les protections au dessus de nos têtes nous permettent de ne pas voir nos voisins du dessus : l’immersion est garantie, rien ne vient couper la ligne visuelle de l’écran ; il faut vraiment se pencher pour voir les plateformes latérales immobiles de l’attraction.
Inde, Egypte, Dubaï, survol de l’Himalaya, Yellowstone : les paysages sont variés, les images, bien que de synthèses, extrêmement prenantes. Je faisais partie de ceux qui appréhendaient de savoir que le film était principalement constitué d’images de synthèse plutôt que d’images réelles, mais de mon point de vue, cela ne pose finalement aucun problème (même si je sais que certains de mes collègues ne sont pas de cet avis-là).
Seul petit point négatif quant au main show : la structure métallique qui supporte l’écran est visible par moments, quand l’image est claire.
Pour le reste, c’est réussi. Les effets (eau, fumée, mais surtout odeurs telles que le cumin en inde, et le sapin de Yellowstone) vous prennent les narines, comme c’est rarement le cas dans des attractions ; enfin, pour ne rien gâcher, la bande-son est absolument superbe, féérique, poétique.
Les mouvements restent soft, familiaux, adaptés à tous.
Enfin, à l’heure où les storylines ont tendance à se compliquer, à être tirées par les cheveux ou bien invisibles par le commun des mortels, il est intéressant de voir que le Futuroscope prend le contrepied en proposant une attraction avec une thématique pousée, mais à l’histoire simple : un voyage, par une compagnie aérienne futuriste. Point. Pas d’enjeu superficiel, pas d’histoire incompréhensible ou inperceptible. Et ça, c’est également un très bon point.
Le côté obscur de la Force
Evidemment, tout n’est pas tout rose.
Si le mouvement de la plateforme (notamment les chutes de celles-ci, d’1 mètre de haut) impressionne vu des backstages, il n’en est rien à l’intérieur de l’attraction : les chutes sont très smooths et s’intègrent parfaitement au film, si bien qu’elles nous paraissent naturelles et ne créent aucune peur…
En résumé (pour les flemmards) :
C’est une attraction bien ficelée et cohérente que nous propose le parc poitevin. Assez originale et marquante sans être trop impressionnante ou rebutante, le parc marque un bon point. Il est évidemment des petits points négatifs soulevés ci-dessus, mais ceux-ci tiennent plus du parti pris initial que de la réalisation en elle-même qui, pour être honnête, est réussie en tout point ou presque.
Je m’explique sur le parti pris :
Il aurait pu être intéressant d’avoir un ride un peu plus audacieux en terme de sensations, de mouvements. Le parti pris a été de faire un ride familial, accessible : il est respectable et compréhensible. Mais nous fait sortir avec cette impression que la technologie aurait encore pu être utilisée de manière plus impressionnante.
Deux points d’ombre sur le fonctionnement actuel de l’attraction :
– le débit. Le spiel des opérateurs était très immersif au cours de la conférence de presse. Reste à espérer qu’il se raccourcisse au cours du temps
– la maintenance : l’Extraordinaire Voyage est un Défi de César dont l’intérieur du cadeau est à la hauteur de l’emballage. L’attraction repose en grandes parties sur ses effets sensoriels, et sur ses préshows. De plus, puisque nous sommes censés être immergés dans une compagnie aérienne, propreté, service et sens de l’accueil sont exigés en toute circonstance.
Il sera donc essentiel de garder ce niveau de détail et d’immersion, sans quoi toute la valeur de l’attraction sera dépréciée.
Gageons que le parc en prendra soin !
Finissons par quelques mots sur le parc en lui-même. On sait que le Futuroscope n’est pas le parc qui vous attire le plus. Néanmoins, aujourd’hui plus que jamais, il vaut le coup d’oeil. Entre Danse avec les Robots (plus intense que dans mes souvenirs…), Arthur et les Minimoys, Les Yeux Grand Fermés, les déjantés Lapins Crétins dans la Machine à Voyager dans le Temps et cet Extraordinaire Voyage, sans parler du spectacle final, La Forge aux Etoiles, le parc est devenu un parc solide et agréable où il fait bon passer une journée. Les expériences sont originales, souvent bien trouvées et très drôles ! Encore une fois, quel plaisir quand l’on sait l’histoire du parc…
Petit bonus !
Quelques faits techniques impressionnants pour les plus news d’entre vous nous ; ainsi que quelques photos prises dans les coulisses, que le parc nous a gracieusement fait visiter, pour notre pus grand plaisir !
La plateforme pèse 110 tonnes; l’écran fait 600 mètres carrés, l’attraction a coûté la bagatelle de 12,5 millions d’euros, 10 000 tests ont été effectués sur la plate-forme avant sa livraison ; la résolution de l’image est de 6K, celle-ci est assurée par 5 projecteurs Christie ; le débit moyen est de 650 pax/h. 🙂
Je termine en remerciant le parc pour son sens de l’accueil, toujours aussi affuté. Bravo aux équipes de communication, notamment Sébastien et Yves, dont le travail passionné (sur le making-off ou les réseaux sociaux) sont de remarquables exemples pour bien des parcs.
Mathis
Février 2017
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