OFFICIEL – En 2024, le parc situé aux Avenières (Isère) inaugurera sa première montagne russe propulsée. En effet, Walibi Rhône-Alpes présente Mahuka – une attraction signée Intamin. Un ajout qui s’inscrit dans une longue stratégie de transformation du parc depuis 10 ans. Notre éclairage en détails.
Une vitesse maximale de 67km/h et 13 moments d’airtime
Inédit en Europe : Mahuka présente des trains à une personne par rangée naviguant un rail dit « unique ». Une assise seule qui s’explique par la volonté de Walibi Rhône-Alpes de se démarquer. « C’est très important dans la marque Walibi […] de continuer d’innover » souligne Julien Simon. Ainsi, le Chef de Projet du groupe Compagnie des Alpes (CDA) insiste sur cette volonté « d’apporter du nouveau ».
Sur Mahuka, le passager n’aura personne ni à sa gauche, ni à sa droite. Une assise exposée que parachève la liberté de mouvement grâce aux barres de maintien. Comme avec Toutatis au Parc Astérix, les visiteurs sont retenus par les jambes. Donc, tout le haut du corps se retrouve libre. Interrogé à ce sujet en 2020, l’ingénieur d’Intamin Daniel Schoppen déclare : « L’absence de ceintures à l’épaule crée une expérience bien plus agréable, ce qui permet d’enchaîner sans inconfort plusieurs tours sur l’attraction.«
Accessible dès 7 ans.
(Un train de Big Dipper à Luna Park Sydney, le prototype du type d’attraction choisi. Image : Intamin)
Pour autant, ce nouvel investissement se veut accessible au plus grand nombre. En témoigne la hauteur minimale de seulement 120cm pour y embarquer. (En comparaison, Mystic dans le même parc n’est accessible qu’à partir de 130cm.)
(Image : Intamin)
En l’occurence, il s’agit seulement du deuxième exemplaire de ce modèle construit par Intamin. En 2021, Luna Park Sydney avait alors construit la version originale de ce type d’attraction : Big Dipper. Walibi Rhône-Alpes s’offre ainsi une exclusivité européenne.
La pose des rails s’achèvera normalement dès octobre
Aussi, Intamin a conçu sur-mesure le tracé de l’attraction pour Walibi Rhône-Alpes. Voici donc quelques chiffres clés sur le parcours de Mahuka :
- 18,5m de hauteur maximale
- vitesse maximale de 67km/h
- 2 propulsions (« launches ») par roues de friction
- 600 mètres de parcours au total
- 3 inversions : un inverted Top Hat, un Corkscrew et une Heartline Roll
- deux trains de 9 personnes en file indienne pour un débit théorique de 600 personnes/heure
Un crescendo de sensations fortes
Ensuite, l’intensité monte en puissance en seconde moitié de parcours. Car la deuxième rampe de lancement propulse les passagers au maximum de 67km/h. Surtout, le train atteint plusieurs moments d’airtimes aux environ de -1G. Au total, Mahuka comportera non moins de 13 moments d’airtime.
En milieu de tracé, un enchaînement de trois bosses triple-down ponctue ce festival d’apesanteur. D’ailleurs, M. Simon ajoute : « On a beaucoup échangé [avec le fabricant Intamin] pour déterminer quelles forces G seraient les plus confortables vis à vis de l’assise et de l’appuie tête. »
Cependant, le chef de projet pondère pour ceux et celles que les sensations fortes intimident : « On a gardé la volonté de laisser cette attraction près du sol« . Pour rappel, Mahuka ne culmine qu’à 18 mètres. (En comparaison, la terrifiante nouveauté 2023 du Parc Astérix, Toutatis, atteint les 51 mètres. Source : RCDB)
Sur le graphique, les courbes indiquent les forces au corps le long du parcours. (Source : Compagnie des Alpes)
Près de 70 moteurs pour moduler la vitesse des trains
D’emblée, pour Walibi Rhône-Alpes, le choix du type d’attraction s’est rapidement porté sur une montagne russe à catapulte. « C’était dans les discussions au départ » précise M. Simon. Le parc ne proposait pas encore ce genre de sensations.
Dès lors, le premier catapultage s’effectuera en marche juste après un virage en sortie de station. « Il n’y aura pas d’arrêt et le train accélèrera directement » précise encore Julien Simon. Principalement des enjeux de capacité horaire motivent ce choix de parcours.
Vue de la première rampe de lancement. Le système de catapulte reste encore à installer.
Dessin industriel du catapultage par pneus. (Source : Intamin)
Plus précisément, ces lancements s’effectuent par un système de pneus. « On a près de 70 moteurs entre deux catapultes et le système de freinage. » indique Julien Simon. En zone de freinage, un logiciel calcule la vitesse du train. Les pneus se calent sur cette vitesse pour ensuite décélérer les voitures sans excès de friction.
Les catapultes à pneus d’Intamin ont déjà fait leurs preuves depuis plus de 15 ans. (Photo : Objectif Mars au Futuroscope)
Le point culminant de Mahuka apparaît déjà auprès des visiteurs depuis les chemins existants du parc
Le spectacle mécanique des trains en mouvement
Par ailleurs, un élément inédit, le Double Top Hat accueillera les visiteurs à l’entrée de la mini-zone. Julien Simon avait manifesté d’emblée ce souhait de créer cette signature qui identifie l’attraction. En effet, le chef de projet soutient qu’il est primordial « que l’attraction soit un spectacle visuel. » Les passagers traverseront cette figure dédoublée d’abord la tête à l’envers. Puis le train repasse une seconde fois sur l’arche, incliné dans l’angle opposé au virage. Une inclination de 60° vers l’extérieur environ.
Alors un jeu cinétique s’anime : le train disparaît puis réapparaît à la vue des visiteurs.
L’attraction phare de la zone Exotic Island
Walibi Rhône Alpes place Mahuka comme point d’orgue de sa troisième nouvelle zone thématique. Exotic Island met en scène un temple abandonné sur une île du Pacifique sud. La zone dans son entièreté a été conçue « un peu avant 2020 », selon Julien Simon. Sa première partie – une aire de jeux d’eaux a même déjà ouvert l’année dernière.
(Esquisses : Compagnie des Alpes)
Les visiteurs se faufileront ainsi entre les décombres de pierre et les tentes d’archéologues pour accéder à l’attraction. Or, le temple ancien rendrait hommage à un Dieu du Feu. La légende met en garde quiconque songerait à provoquer le feu sacré de cette divinité…
Des archéologues, et une étymologie
Le nom hawaiien Mahuka se traduit en français par « s’échapper« . De fait, un lexique rappelle les deux propulsions que propose l’attraction.
« Dès le début, on savait que l’on voulait s’adresser à deux types de publics » explique Julien Simon. D’une part, l’aire de jeux aquatiques cible particulièrement les familles avec de jeunes enfants. D’autre part, la nouvelle montagne russe qui se positionnera davantage auprès des pré-ados, ados et adultes.
La portion déjà ouverte de la nouvelle zone permet aux familles de se rafraîchir. (Photo : Walibi Rhône-Alpes)
De plus, cette versatilité se retrouvera dans les atmosphères (au pluriel !) d’Exotic Island. Ainsi, la zone jouera sur un contraste entre décors colorés et décors lugubres. La partie orientée familles arbore une esthétique lumineuse et joyeuse. S’y opposera visuellement l’aspect sombre et fatigué du temple abandonné de Mahuka. « Cela nous permet d’avoir des univers plus riches » renchérit Fabien Manuel, le Responsable Développement Créatif de la CDA.
À ce propos, le coin d’Exotic Island réservé à Mahuka joue avec la sensation de se retrouver isolé sur une île perdue. Dès lors, les amas de roches, la végétation épaisse obstruera le champ de vision des visiteurs. Dès lors, les visiteurs se glissent pleinement dans la peau des archéologues explorant ce temple enclavé. Hélas la découverte d’artéfacts vient bouleverser la quiétude des lieux et de visiteurs…
Plus précisément, pour Fabien Manuel, la scénographie vise à communiquer de telle sorte que le visiteur « comprenne l’histoire en 3 secondes ». Ainsi la narration de Mahuka se veut simple et accessible au public. Échapper à la colère du dieu du feu… Effectivement, l’intrigue peut se résumer en une phrase, en un lieu. Le temple sert de structure phare pour l’Exotic Island.
La suite logique d’un parc en progression incandescente
La zone Exotic Island remplace l’emplacement de toboggans aquatiques qui ont définitivement fermés en 2020. Une volonté de recentrer les investissements sur le coeur de métier du parc. « Nous avons constaté que plus nous avions de visiteurs dans la partie « en sec » du parc, moins nous avions de baigneurs à Aqualibi » commente Luc de Roo. Alors, le Directeur Général du parc explique « qu’à l’hiver 2021 nous avons démonté les toboggans, et [au printemps 2022] on est arrivés avec la première phase d’Exotic Island. » Une année 2022 qui se conclut par une fréquentation record pour Walibi Rhône Alpes avec 610 000 visiteurs.
Enfin, une boutique de snacks sucrés, Tiki Fruits, accompagnera l’attraction principale dans cette nouvelle zone.
La Compagnie des Alpes et Intamin poursuivent leur collaboration
Depuis près de 10 ans, la Compagnie des Alpes poursuit les commandes auprès d’Intamin, basé au Liechtenstein. Mahuka rejoint ainsi Objectif Mars (2017, Futuroscope), Kondaa (2021 à Walibi Belgium) et Toutatis (Parc Astérix, 2023). Directeur des Ventes en France pour Intamin, Bramko Mamula décrit ces échanges : « On travaille ensemble. [La CDA] arrive avec leurs idées – ils ont un département de conception très bon. »
Alors, Intamin étoffe les propositions initiales des équipes de Julien Simon et Fabien Manuel – et des parcs concernés. « Notre service design travaille avec eux, en apportant notre savoir faire. » De cette collaboration entre groupe de parcs et fournisseur naissent des attractions individualisées et « des éléments jamais vus » renchérit-il.
Branko Mamula (photographié à l’IAAPA Expo Europe 2022)
Inclure l’économie locale dans la construction de Mahuka
En effet, le parc Rhône-alpin affecte 79% des investissements pour la zone à des entreprises des départements environnants. Par exemple, la société iséroise MBTM assure la pose des fondations de l’attraction. Serge Ferrari procure les décors de toiles qui abriteront les visiteurs/explorateurs du soleil incandescent.
La future station de Mahuka en cours de construction
Rendez-vous mi-2024 pour les premiers tours de Mahuka !
Philippe-Minh Nguyen
Septembre 2023
Remerciments Pauline Gaillard et équipes de Walibi Rhône-Alpes, Compagnie des Alpes et Intamin