Il y a quelques jours maintenant à l’occasion de l’entrée de la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes dans son actionnariat, Vulcania dévoilait son plan d’actions pour les années à venir. Parmi les différentes pistes évoquées, ce que newsAuvergne appelait « la construction d’un « ride », sorte de grand 8 ». Objectif assumé de ce plan : passer en 15 ans de 300 000 à 500 000 visiteurs annuels !

Vous vous doutez bien que cela a attiré notre attention…
Face à cela, deux réactions possibles : fouiner, faire courir des rumeurs,… ou bien aller interroger le principal intéressé. Vous commencez à nous connaître… Nous avons opté pour la seconde option en allant interroger Frédéric Goullet, directeur communication, commercial et marketing du parc arrivé au parc il y a un an. Cette phase d’investissements n’en est à qu’à ses balbutiements et verra ses pleins effets commencer à se déployer en 2021 – n’attendez donc pas d’annonce spectaculaire ! Mais voilà tout de même de quoi, je crois, aiguiser votre curiosité…

Mais puisque texte sans contexte n’est que ruine de l’âme, commençons par laisser notre interlocuteur se présenter.

«Lyonnais d’origine, j’ai eu la chance absolue de travailler pendant 15 ans chez Qatar Airways, commençant à une époque où la compagnie n’existait quasiment pas ! Tout était à faire… Le projet était extraordinaire, et m’a permis de vivre une aventure inoubliable pendant 15 ans. Quand on travaille pour une compagnie aérienne, on vend plus qu’un siège. On vend une destination, on vend de l’entertainment et du catering (nourriture) à bord, une expérience globale, un concept…

Au bout de 15 ans, je commençais à avoir fait le tour et, en tant qu’homme de défis, les choses qui ronronnent ne m’intéressent que moyennement… J’ai donc cherché un nouveau challenge, toujours dans le monde du tourisme. Je suis alors tombé sur Vulcania. A l’instar de tout le monde, je connaissais le parc de nom. Pour le reste…

Je me suis renseigné et plus j’en apprenais, plus ma curiosité grandissait. Lorsque je suis arrivé, on m’a fait part de l’intention qu’avait Vulcania de se développer encore plus et de passer à la vitesse supérieure. On m’a parlé d’hébergements, d’un planétarium, de rides et de coasters extérieurs… Ca m’a vraiment parlé, et c’est là que je me suis dit BANCO. On a vendu notre appartement parisien, avons changé nos enfants d’école en Janvier, pour venir poser nos valises à Clermont-Ferrand dans la foulée !»

Eh oui… C’est vrai, Vulcania fait partie de ces parcs qui ont une notoriété forte, une image ancrée dans le public français… mais dont beaucoup ne connaissent que le nom ! Du coup, Vulcania, en quelques mots, c’est quoi ?

«Le parc a ouvert en 2002, et par sa thématique des volcans, est unique en Europe. Notre devise est claire : « apprendre en s’amusant ». Cette dimension est importante au point que notre équipe contient une équipe scientifique, qui veille au contenu ! Les travaux du parc sont à l’époque titanesques, les attentes sont grandes. Le bâtiment principal est complètement intégré à l’environnement, enterré (jusqu’à 30 mètres sous terre !) dans une coulée de lave mais reste éclairé par un puits de lumière» naturel. Il est génial, mais trompeur, car quand les gens voient l’image aérienne, ils pensent que c’est vide, qu’il n’y a rien ! En vérité, tout est enterré…

 

Le parc accueille 600.000 visiteurs annuels lors des deux premières saisons, mais le contenu n’est pas en adéquation avec la demande des visiteurs… Le retour client du grand public est assez déceptif, le contenu est trop sérieux, pas assez ludique, trop statique… Voici le ‘Vulcania I’. La chute de fréquentation ne va pas tarder à se faire sentir…

Un contenu très, très ludique est vite introduit, tout en gardant notre côté pédagogique. Cela veut dire concrètement de nouvelles attractions annuelles, qui nous amènent à 320 000 visiteurs annuels, la tendance de ces dernières années. C’est le ‘Vulcania II’.

On arrive désormais à la croisée des chemins, notre thème s’est étendu, des volcans aux phénomènes naturels de la Planète Terre (ouragans, séismes…), et nous sommes à l’aube de ‘Vulcania III’. On est un vrai parc de destination, mais n’avons pas d’hébergement sur site : ce sera une première piste. La seconde piste sera la diversification des attractions avec, donc, un coaster, un planétarium, entre autres.»

Attendez : c’est donc confirmé ? Un vrai coaster à Vulcania ? En effet ! Sortez vos agendas 2021, et réservez votre début de saison pour aller faire un tour dans les volcans d’Auvergne. Le parc ouvrira son premier coaster à cette occasion. Alors oui, c’est un peu loin, et les concepts-arts que l’on a pu voir passer ici ou là ne sont, en vérité, pas forcément à jour.
Mais vous voulez tout de même quelques informations supplémentaires ? On y arrive :

«Le coaster est acté. Il se trouvera à l’extérieur. La place ne manque pas. L’idée est de l’intégrer au maximum pour ne dénaturer ni notre identité, ni les volcans inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en Juillet. Le thème sera bien celui des séismes. L’idée est la suivante : au–delà du coaster, on veut que les personnes apprennent quelque chose sur les séismes. Le point compliqué est le suivant : les personnes vont s’amuser sur ce coaster à sensations, mais les séismes sont des phénomènes naturels au fond dramatiques. Nous allons faire en sorte de donner aux visiteurs un rôle à jouer, au sein d’un préshow où l’on va raconter une histoire. Les visiteurs seront considérés comme des groupes de sismologues, amenés à se rendre sur un lieu où s’est déroulé un séisme. Voilà la storyline globale.

L’expérience pourra continuer par la suite avec une exposition plus sérieuse.»

 

Alors, certains se seront peut-être pris à rêver : un Mégacoaster de 60 mètres de haut, que dis-je, un Stratacoaster ? Minute papillon :

«Le coaster ne sera pas trop haut, le PLU actuel étant limité à 20 mètres. Le ride sera plutôt construit sur l’horizontalité.

Il devrait y avoir un élément unique en France… on croise les doigts pour que ce soit encore le cas en 2021 ! L’idée n’est pas d’avoir un coaster qui n’irait que très vite…

Une chose est sûre, globalement : nous n’irons jamais très haut. En revanche, on a 57ha en plein milieu de ce champ de volcans. Dans beaucoup de parcs, quand on prend un peu de hauteur, on voit… les parkings. Pas nous, et c’est une force. Pour ce qui est de l’extérieur, ça va être un vrai défi. Le fait que l’on soit l’un des parcs les plus haut en Europe (1000 mètres d’altitude !), malgré le beau temps, limite aussi nos investissements, car il fait vite froid la nuit et hors-saison. Un parc aquatique, par exemple, vous pouvez oublier !»

 

Bon, ça parait tout de même intéressant, non ? Et pour le constructeur ?

«La concertation avec les différentes parties concernées (partie étatique, la commune de Saint-Ours, et le département) est très avancée.

On est également en pleine concertation avec l’architecte, le constructeur… On travaille aussi avec Julien Bertevas, mais pour le nom du constructeur, il va falloir encore attendre un peu que le projet soit finalisé… On a le financement, l’entrée de la Banque Populaire dans notre capital récemment montre une vraie confiance dans nos capacités d’attractivité. Reste un petit détail à régler concernant l’obtention du permis de construire pour que le projet soit officiellement lancé.»

 

Il va donc falloir patienter au moins quelques mois avant l’annonce ! Mais pour simuler un tremblement de terre, quoi de mieux… qu’une portion free-fall ? Ca n’est qu’une spéculation, mais on aimerait y croire !

Mais ce plan d’investissement (41 millions sur 15 ans) ne portera évidemment pas que sur le coaster, qui arrivera en 2021. Voilà ce que Frédéric Goullet peut nous dire de l’ensemble du plan aujourd’hui :

«En 2022, nous ouvrirons un hébergement sur site totalement intégré avec des lodges tout confort et atypiques.. Les visiteurs, après leur exploration de la journée, regagneront leur base, leur campement, à savoir leurs lodges. La même année, nous ouvrirons également un planétarium.»

Face à toutes ces réponses, une question me trottait dans la tête : comment faire pour réussir à se maintenir sur ce créneau compliqué du ludo-éducatif, lorsque on voit que des initiatives un peu similaires comme le Bioscope sont tombées à l’eau, ou que le Futuroscope a choisi de se recentrer sur le ludique pur ?

 

«On est effectivement sur une ligne de crête.
Mais il ne faut pas se tromper sur ce que veulent les personnes. Le film Ouragan par exemple, qui malgré son aspect ludique (un des plus grands écrans d’Europe avec 415m2 de surface de projection…) est très explicatif, marche plutôt bien – il est dans le Top 5 de nos attractions ! Je crois qu’on arrive donc à conserver cet équilibre, pour le moment en tout cas. Le planétarium, une de nos futures nouveautés, sera aussi dans cette veine. On s’intéressera aux volcans terrestres… et spatiaux !

La clé du succès, c’est de ne pas mélanger les envies des clientèles. On a une clientèle qui veut du contenu : il faut la satisfaire en proposant des attractions adaptées. C’est ce qu’on fait avec Séismes. On ne rigole pas ; on raconte. Qui plus est, notre équipe scientifique veille à ce que tout soit exact.

Par contre, la majorité du grand public cherche du ludique. C’est ce qu’on leur offre, et ça sera le cas aussi avec le coaster. Il sera avant tout ludique, mais en complément, pour information ceux qui veulent aller plus loin sans rebuter les autres, on proposera un espace parlant des séismes par la suite. Faire du moitié-moitié au sein d’une même expérience ne marche pas. Il faut investir dans les deux, mais bien distinguer les genres.

Plaire à deux types de personne sur une même attraction est impossible. Mais faire en sorte que les deux types trouvent à droite et à gauche de quoi leur plaire, tel est l’objectif.»

 

Dernière problématique, qu’il faut bien finir par aborder… l’argent ! Le parc appartenant à la région Auvergne Rhône-Alpes… cela veut-il dire que ce sont les contribuables qui vont payer ? (même si, pour une fois, je suis sûr que beaucoup d’entre vous ne renieraient pas une telle utilisation des impôts..).

«Un point important : le parc appartient à la région, mais est exploitée par une SEM (Société d’Economie Mixte). Ca n’est pas le contribuable qui paye, tout est investi sur la base de nos résultats par la SEM Volcans. Ce sont les marges d’exploitation, les emprunts et les investissements privés qui vont nous permettre d’investir dans cette phase III.

C’est donc un double effet bonus pour la région : c’est la SEM qui investit avec des fonds propres et apports privés, mais ces investissements contribueront à augmenter la valorisation d’un parc… qui appartient à la région ! Si l’on devait perdre le contrat de Délégation de Service Public dans 14 ans, sa prochaine date d’échéance, la valorisation du parc avec toutes ces nouveautés sera bien plus forte !»

 

Voilà donc pour ce petit point qui, nous semblait-il, était intéressant après l’annonce de début Octobre. 2021 est encore loin, mais nul doute que ce plan d’investissement pour Vulcania est réjouissant, une bonne nouvelle de plus au sein de l’industrie parconautique française, qui n’en finit plus de prendre du gallon.

Merci encore à Frédéric Goullet pour avoir pris le temps de répondre à nos questions !