Cela faisait des années que l’on attendait une grande nouveauté à Walibi Rhône-Alpes. Avouons-le, nous étions parfois désespérés de voir que le seul parc de la région (au bassin de visiteurs potentiels énorme !) avait du mal à trouver sa voie.
Certes, il y a eu le rebranding de Walibi, salutaire pour le parc rhône-alpin : l’équipe dirigeante s’est saisie de cet univers pour redonner un coup de jeune au parc, alors en roue libre. Nouveaux décors, attractions revues, nouvelle entrée, nouvelle musique dans les allées… : tout le parc ou presque a été réaménagé suivant l’histoire des WAB et des Skunx. Nouveau cinéma 4D en 2011 ; repeinte du village et transformation de la Skunx Tower ; retour d’un flum avec la Bambooz’River en 2012 ; nouveau spectacle de plongeurs en 2013 ; le Boomerang change de couleurs et de trains pour devenir l’Eqwalizer en 2014 ; transformation du Tam Tam Tour en 2015… Bref, c’est l’ensemble du parc qui a été rénové depuis 2011. Quand on connait le parc, on sait que l’on revient de loin. C’était donc un beau premier pas.

Mais l’on attendait toujours une grande nouveauté, de celles qui nous feraient dire que toutes ces rénovations ne sont pas que des soins palliatifs, que le parc est encore plein d’ambition. Enfin, la voici.
Nous n’aurions pas été nombreux à parier sur un wooden coaster, il y a un an et demi. Et pourtant,, me voici sur le parking de Walibi (devenu gratuit, soit dit en passant !), avec en fond cette élégante silhouette de bois. Les premiers tests de la journée ont lieu : les trains sont silencieux. N’attendons plus : fonçons !

J’ai la chance d’être accueilli par Pauline Gaillard, chargée de projets marketing du parc. C’est elle qui tient à me faire découvrir la zone Explorer Adventure.
Oui : il faut bien parler ici de zone. Car si initialement, seule l’implantation de Timber était prévue, le projet s’est enrichi petit à petit… jusqu’à former une vrai zone thématique. Mais j’y reviendrai un peu plus tard…

Pour être tout à fait honnête, je n’avais regardé qu’en coup de vent les quelques photos du chantier diffusées par le parc. En revanche, impossible de louper la publicité du parc et son fameux slogan « ça va envoyer du bois », que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la région : Timber s’affiche partout. 

C’est donc très curieux que j’approche de la zone, située juste derrière le Scratch. Dès l’arche d’entrée, on tique. Oui, il y a eu du changement. Au pied de l’arche, une manivelle permet aux plus jeunes d’animer certains éléments de décors.  

Sur la droite se dresse un nouveau point de restauration, thématisé :  . Deux terrasses se dressent de part et d’autre  de celui-ci. Même la nourriture servie est canadienne ! J’ai testé au cours de la journée un sandwich poulet mariné, cheddar, oignons revenus au sirop d’érable, une nourriture qui change de la nourriture classique de parcs : et c’était bon !

Encore quelques pas et là voilà : sur notre gauche se dresse la toute nouvelle zone. Un sifflement m’échappe. Pour la première fois dans l’histoire du parc, une vraie zone thématique se dresse devant moi. Le Scratch (la Wild Maus du parc) a revêtu des façades en bois. Un petit rocher en béton projeté se dresse fièrement à l’entrée de la zone. Au milieu, un Barnyard de chez Zamperla, Volt-o-Vent, s’intègre parfaitement à la zone. A côté, un faux abreuvoir thématisé permet aux visiteurs de se rafraichir. En fond, Timber, force tranquille, s’affiche avec sa descente de 24 mètres.

Qu’en est-il du coaster lui-même ?
Quelques stats pour commencer : 17 mètres de haut, 446 mètres de long, 64 km/h, attraction accessible dès 1m20… Une attraction qui ne paye pas de mine par ses statistiques, mais ceux qui ont testé des woodens comme Twister à Gröna Lund, Wooden Warrior à Quassy ou El Toro à Freizeitpark Plohn savent qu’il ne faut pas se fier aux apparences, quand il s’agit d’un grand-huit en bois…

La zone est le repère de bûcherons qui essayent de débiter, ou « envoyer » du bois le plus vite possible. Pour cela, ils ont testé différentes machines : la Scie-Lance, la Scie-Boulette : autant de machines étranges qui s’affichent avec humour dans la file d’attente de l’attraction. Mais la machine ultime, c’est la SAW 7, machine à laquelle les visiteurs sont amenés à prendre place !

Des hauts-parleurs placés sur l’attraction délivrent la musique faite sur mesure par IMAScore. Elle est (comme toutes les créations de la marque) discrète mais bien présente et apporte un gros plus à l’ambiance de la zone. Dans certains recoins de la zone (et un peu partout dans le parc, d’ailleurs), des musiques pop classiques (que ce soit celles des WAB ou Skunx mais aussi d’autres musiques tel Call Me Maybe) sont revues en version instrumentale, avec une touche country pour ce qui est de la zone Explorer Adventure. Ca rend extrêmement bien, et l’on a envie de se poser sur une terrasse et de rester dans la zone, à contempler les visiteurs qui en arpentent les différents recoins…

La file d’attente est très symphatique, ombragée par plusieurs endroits, passe sous la structure et est composée de plusieurs petites scèneshumoristiques mettant en scène les différentes machines testées avant que la « Saw 7 », dans laquelle nous allons embarquer, soit retenue.

C’est à bord de trains Timberliner que nous prenons place. L’opération de l’attraction est très efficace pour le moment, et les deux trains étaient de sortie dès le matin le jour de ma visite !
Les harnais sont très agréables, contrairement à ce que je craignais. Vient le lift, qui accélère sur la fin, ce qui fait que le train a déjà une bonne vitesse au moment d’entamer la descente.

La first drop est bien dosée en sensations, et procure un bon premier airtime en fond de train. mais c’est ensuite que vient à mon sens le plus réjouissant : les turns s’enchaînent, sans répis. Aucun temps mort, aucune perte de vitesse. Nous sommes happés dans les virages, le tout avec une fluidité étonnante. C’est nerveux, rapide. Le virage montant incliné est particulièrement jouissif, tout comme la grosse bosse précédant la dernière série de petits airtimes. Si vous ne fermez pas votre lap-bar à fond, vous verrez que vous ne passez pas beaucoup de temps les fesses sur votre siège…

La Compagnie des Alpes, longtemps décriée par les passionnés de parcs, nous montre une fois de plus qu’avec du budget, elle est capable de faire sortir de terre des zones thématiques complètes, très mignonnes, cohérentes, faites avec goût, et remplies de ces touches d’humour qui font, depuis OzIris, l’identité des réalisations du groupe. Des affiches graphiques (qui font un peu penser à celles qu’on trouve sous le porche d’entrée de ain Street à Disneyland Paris) aux poubelles, en passant par la déco des toilettes, rien n’a été délaissé. Et c’est sur ce genre de petits détails aussi, que l’adhésion des visiteurs à l’atmosphère se fait.

Objectivement, rien ne dénote dans cette zone. Par le détail apporté, ça m’a un peu fait penser à la zone Wicky the Ride de Plopsaland de Panne.

Des membres de CoastersWorld avec un des fondateurs de Gravity Group, Korey Kiepert

Le parc a mis la barre très haute, avec cette nouveauté. Il va falloir désormais arriver à réitérer cet exploit d’intégration et à l’appliquer sur tout le parc. Le défi est rude, mais atteignable, comme en ont conscience les équipes dirigeantes du parc. Vous découvrirez en effet dans l’interview que j’ai réalisée avec le directeur du parc (inerview qui sera publiée prochainement   ) que c’est une équipe passionnée, lucide et au courant de l’actualité du marché des parcs à thème qui est aux commandes. Pour la petite anecdote, la table basse de la salle d’attente des bureaux de la direction ne comporte qu’une chose… des magazines Fun World.

Vous verrez dans l’interview que le parc ne manque pas de projets et d’ambition. Et ça, ça fait plaisir. 

Cette nouvelle zone marque le début d’un plan d’investissement de 30 millions d’euros sur 10 ans (maximum). On ne peut que se réjouir de cette volonté d’investissement régulier et de qualité pour le parc.

Embarquez avec nous sur Timber :

 

Pour terminer, je vous propose une retranscription d’une interview que j’ai menée auprès de Luc de Roo, directeur du parc qui nous éclaire sur Timber et les nouveautés des années à venir ! Bonne lecture !

En 2015, le parc a accueilli 400.000 visiteurs. Avec Timber et la nouvelle zone Explorer Adventure, quel est l’objectif affiché ?
Luc de Roo : 400.000 et plus ! L’objectif officiel est de faire une progression à un chiffre, qui serait de 5 à 6% ; néanmoins, notre ambition est beaucoup plus élevée. Aujourd’hui, nous avons plutôt une perspective d’investissement rationnelle et mesurée : nous ne voulons pas mettre en péril l’activité du parc avec des objectifs irrationnels : nous avons investit dans une nouvelle zone mais nous ne recherchons pas pour autant une performance de croissance de fréquentation de 15 à 20%. Peut-être que nous allons les faire mais ce n’est pas ce que nous avons prévu initialement. C’est plutôt 5 à 6% donc, ce qui correspond à la tendance du marché, même si nous espérons secrètement plus !En terme de chiffre d’affaires, avez vous également anticipé un « effet Timber » ?
Nous ne communiquons pas sur le chiffre d’affaires puisque la Compagnie des Alpes est cotée en bourse… Tout ce que nous pouvons dire, c’est que les visiteurs répondent présents depuis le 9 Avril, et ce malgré le mauvais temps. On a vu hier, mercredi (20 avril), une fréquentation quasiment comparable à ce que nous pouvons faire l’été : c’est certes les vacances mais pourtant nous ne sommes pas sur la période d’été…  De ce point de vue-là, c’est donc bon signe.

Quel degré de liberté vous accorde la Compagnie des Alpes en terme d’investissements ? Est-ce vous qui choisissiez l’attraction ou la maison mère a-t-elle son mot à dire tout au long du processus créatif ?
C’est dans l’ADN de Walibi Rhône-Alpes que d’être très participatif. Nous avons travaillé avec la CDA et sa jeune équipe (Julien Simon, Fabien Manuel notamment) sur les projets du parc : non seulement Timber, mais aussi les projets qui vont suivre. Nous avons apporté notre expertise de parc Walibi, notre data sur le profil de nos visiteurs, sur ce que nous recherchons, et ce qui se fait à deux heures d’ici, puis nous avons ciblé les différentes attractions.

Timber est le 3ème wooden coaster en France. Les deux premiers sont, disons, de la « première génération » (Anaconda date de 1989, Tonnerre de Zeus de 1997). Ces coasters en bois sont plutôt linéaires… Avec Julien Simon (ndlr : fondateur de Trips’n’Pics) qui a une bonne connaissance des parcs de loisirs et les équipes du parc, nous sommes allés tester différentes attractions. Il y avait à chaque fois un membre de chaque département : opérationnel, technique et marketing. Quelqu’un de la technique pour savoir précisément ce que coûte l’attraction : souvent nous achetons mais nous ne nous rendons pas compte du coût réel… Quelqu’un de l’opérationnel pour savoir ce que nous sommes capable d’assumer en terme d’opérations et de maintenance, et quelqu’un du département marketing : sommes-nous capable de vendre l’attraction ? C’est comme ça que Timber est arrivé !

Donc de la liberté, nous en avons. Nous sommes encore en réunion pour 2017 ! Nous estimons à Walibi Rhône-Alpes qu’il y a plus dans 10 que dans 2 têtes… Nous encourageons donc volontairement cette interaction avec les équipes de la Compagnie des Alpes. Nous sommes assez ouverts, nous partageons beaucoup car nous sommes une petite équipe, donc nous n’avons pas la prétention de tout savoir.

Petit flashback. J’étais là pour l’annonce du rebranding de Walibi, en 2011. Il y a eu depuis une vraie refonte du parc : tout ou presque a été réhabilité, mis aux couleurs des WAB et des Skunx. Pour autant, c’est aujourd’hui, en 2016, qu’un vrai investissement conséquent dans une nouvelle attraction voit le jour. D’où vient ce laps de temps important : stratégie trop floue ? difficulté à appréhender ce nouveau Walibi ?
Il y a eu effectivement ce rebranding. La genèse était de communiquer la marque Walibi à l’extérieur des parcs, créer de l’évènement… Nous sommes plusieurs parcs à porter la marque Walibi, avec tous des profils différents. Pour notre parc, qui avait plus de 30 ans, parc vieillissant, ce lifting était le bienvenu ! Pour nous, ce nouveau Walibi a donc été hyperpositif. Dans la foulée, nous avons quand même enchainé en 2012 avec la Bambooz’River, attraction qui existait déjà auparavant et que nous avons retiré en 2005/2006 suite à quelques problèmes. Dans la foulée, nous nous sommes dit qu’il fallait avant tout pérenniser le parc. Ce n’est pas qu’il était en danger avant, mais on partait dans tous les sens.
Deuxième chose : nous avons retiré des attractions vieillissantes : le Baron (devenu OnAir), la Grande Roue… Nous avons voulu faire les choses par étape : nous avons refait le Boomerang, devenu l’EqWalizer avec les nouveaux trains, nous avons rajouté quelques petites attractions pour enfants…

Pour revenir à votre question : Walibi reste notre mascotte : il accueille les visiteurs sur le parc à l’entrée. Il y aura toujours des touches Walibi, comme vous avez pu le voir dans la zone Explorer Adventure, avec la Scie Phony par exemple (nom du stand de retrait de photos sur Timber et le WoodStock Express), etc… Concernant ses amis (les 2 groupes), c’est quelque chose sur lequel nous allons moins jouer, car nous nous sommes rendu compte que les visiteurs voulaient avant tout des attractions. Nous n’avons pas la prétention d’avoir comme Disney une vraie histoire derrière le parc. Il faut que nous nous re-concentrions sur ce que nous savons faire. Nous avons certes ce Walibi rajeuni, qui est « fit & well », mais voilà, nous n’allons pas non plus pousser l’histoire de ces mascottes beaucoup plus loin.

C’est quand même un vrai changement de stratégie ! On voit que Walibi Belgium et Walibi Holland ont plus ou moins arrêté d’introduire les mascottes dans leurs nouvelles créations… C’est donc c’est une vraie décision de moins mettre en avant les mascottes comme élément principal, mais de les utiliser comme support pour créer de nouveaux univers autour d’elles.
Exactement. Mais dans tout ce que nous allons aménager dans 7/8 ans, elles seront toujours là par petites touches.

Pas de disparition pure et simple chez vous, alors ?
Non, pas du tout.

Plus globalement, sur le marché des parcs à thème : ça bouge beaucoup, les nouveautés sont nombreuses comme vous avez pu le voir à l’IAAPA ; y a-t-il justement une nouveauté ou une tendance qui vous intéresse particulièrement ou vous a spécialement marqué ?
Ce qui m’a marqué, c’est que certains coasters aujourd’hui ne font pratiquement plus de bruit. Quand je vois Lost Gravity (à Walibi Holland) par exemple : c’est une attraction à sensations qui pourrait complètement être mise dans un village, ou dans une ville : elle fonctionne, et ne fait pas de bruit si l’on enlève le cri des gens. J’ai bien aimé ce type de produits !

Après il y a tout ce qui est réalité virtuelle embarquée… Je pense que ce type d’attractions est bien intégrée dans des parcs comme Europa-Park, serait intéressant à Walibi Belgium, en somme, surtout des parcs que je qualifierais de « pro-urbains ». Pour nous, nous l’étudions aussi, mais le parcours est tellement long… Le jour où nous arriverons à de la réalité virtuelle, c’est que nous aurons vraiment tout terminé sur le parc : voierie, restaurants, sanitaires…

Ca n’est pas dans vos plans à court terme, donc ? Pourquoi ne pas le tester sur le WoodStock Express, par exemple ?
Non, franchement non. Si nous devions poursuivre le travail sur le WoodStock Express demain, nous travaillerons plus sur le décor intérieur et la capacité de l’attraction. Nous devons travailler sur nos fondamentaux et nous avons encore du boulot dessus.

Pour être honnête, ça nous rassure en partie ! Les passionnés que nous sommes avons parfois peur de cette invasion du virtuel par rapport à la thématisation réelle…
Vous savez, nous sommes un parc familial et régional. Plus de 80% des visiteurs sont des familles avec enfants. Je ne vais pas dire qu’Europa-Park est un parc d’ados : l’offre est tellement pléthorique que ça touche à toutes les générations mais nous concernant. Nous nous inscrivons dans un univers naturel : nous allons déjà travailler là-dessus, en restant sur des attractions à coûts d’entretien responsables. Si le coût est trop élevé, nous n’entretenons plus et ça devient catastrophique.

Revenons un peu sur cette belle nouveauté 2016, si vous le voulez bien : quand la décision de construire un wooden coaster a-t-elle été prise ? Quelles étaient les autres options envisagées ? 
L’idée du wooden coaster est venue en début d’année 2015, quand nous avons échangé avec François Fassier. Avec les équipes de la CDA, nous avons commencé à affiner le projet, et puis au mois d’avril, nous avons commencé les benchmarks, que ce soit à Quassy ou à Grona Lund pour Gravity. Pour d’autres fournisseurs, nous nous sommes rendus dans d’autres parcs… La décision de travailler avec Gravity s’est faite vers le mois de mai, ça fait donc tout juste un an !

Au départ, nous ne parlions que d’un coaster. Nous savions que nous devions mettre des sanitaires, mais ça s’arrêtait là. Et puis, le projet avançant, les dessins arrivant, un peu comme pour tout, nous nous sommes dit : « et si on ajoutait ça ? si on faisait ça ? ». Nous avons commencé à rêver, à se faire plaisir. Et puis ce rêve est devenu réalité : nous avons habillé le Scratch (ce qui n’était pas prévu), nous savions que nous allions faire un nouveau point de restauration mais nous n’avions pas prévu de faire deux terrasses, qui ont été rajoutées entre temps : on a triplé la surface & doublé le budget du restaurant. Nous avons aussi installé Volt-O-Vent, non prévu non plus. Tout en restant dans notre enveloppe budgétaire, nous avons donc pu faire tout ça. Tout ça s’est en fait bousculé en Septembre 2015 ! Ca a été très vite ! Il faut savoir que l’ambition était au départ d’ouvrir le restaurant mi-Mai, et Timber cette semaine-ci (semaine 16).

Le chantier a dû être assez complexe… Pouvez-vous nous parler de moments marquants, qu’il s’agisse de moments euphorisants où le chantier a vraiment pris forme, ou de moments plus stressants ?
Il y a eu plusieurs étapes, en vérité. Tout d’abord, la dalle de béton pour Timber. Nous devions couler le béton tout en tenant compte de la météo. Ca a été très tendu, nous avions dès le départ deux semaines de retard… Cela voulait dire une ouverture fin Avril-début Mai. Nous avons pu rattraper ce retard avec différentes entreprises (entreprises locales pour ce qui est du montage !) même si pour elles aussi c’était un challenge.

Un autre moment marquant a été le début du montage. Elle n’a pas été construite en enfilades mais sur différentes zones à la fois. Nous avons vraiment prié pour que les raccords soient bons ! Après ça, il y a eu tout le travail de voirie. C’était un grand moment : il fallait manager les sociétés qui coulaient le béton poreux et les sociétés qui travaillaient sur site ; bref, ça n’a pas été facile… Après ça, les bâtiments… Il y a eu différentes étapes, positives ou moins positives car il y a évidemment eu un peu de tension. Le moment ultime, je dirais, a été le premier jour de test de Timber où nous avons testé avec les mannequins remplis d’eau et les équipes : et ça, c’était bien !

Petite analogie au rugby, grâce à une question qui m’a été suggérée par un membre du forum : si on peut considérer que Timber est un essai, à quand la transformation ? Vous parliez tout à l’heure de Lost Gravity, est-ce un grand-huit qui potentiellement pourrait avoir du sens, ici ? C’est un coaster compact, à inversions, c’est assez unique ? Quand peut-on s’attendre à ce genre de choses à WRA ?
Je vous dirai ça en fin d’année… J’ai fait l’attraction, ça m’a plu, et on pourrait clairement l’avoir chez nous, même si la restriction de taille est assez importante.

On dit souvent que les woodens coasters demandent beaucoup d’entretien en terme de maintenance, de vérification. Quel sera l’impact de cette nouveauté sur le service maintenance du parc ?
Nous sommes encore aidés par les équipes de Gravity Group actuellement. Timber, ça représente 2h de contrôle visuel par jour sur l’attraction. Contrairement à l’Anaconda, qui date de 1989 et que je connais bien pour avoir travaillé 4 ans là-bas, ici nous sommes sur un montage différent. Nous avons par exemple sur Timber des structures métalliques qui empêche aux rails de s’écarter. Nous avons donc en quelque sorte facilité en amont la maintenance de l’attraction. Maintenant, en terme de voie, il y aura des périodes de resserrage de boulon, à des périodes précises : il faut éviter de le faire lorsque le bois est trop sec, encore plus quand il est trop mouillé (donc pas en hiver) car le bois gonfle à ce moment-là. Après, le coaster ne fait pas 1,2km, seulement 450 mètres. Les trains, eux, sont assez basiques : il n’y a pas de grosses contraintes permanentes de contrôle. Ils vont être contrôlées en fin d’année par Gravity et nous allons voir comment ils évoluent mais globalement, si je compare à nouveau Timber à l’Anaconda, nous avons ici des roues latérales et d’anti-soulèvement : chaque mouvement est compensé. Le train ne voyage pas de gauche à droite tout le temps, comparé à l’Anaconda…

Pour résumer, on estime donc 2h d’entretien par jour, ce qui n’est pas négligeable, mais nous allons aussi essayer d’optimiser tout ça. De même, un wooden coaster est une attraction qui se vit. Le bois s’entend et vous allez sentir en écoutant le grand-huit qu’il peut y avoir un problème, comparé à un coaster métal où vous allez entendre le problème au dernier moment, quand la roue va déjanter ou casser. Là, vous pouvez anticiper les éventuelles défaillances.

Passons aux perspectives du parc, à court et long terme. Pouvez-vous rappeler quelques chiffres concernant le plan d’investissement à 10 ans, qui a donc démarré cette année ?
Nous parlons d’une enveloppe de 30 millions, en comptant l’investissement de cette année. Ce n’est jamais gravé dans le marbre : le contexte est un peu plus tendu qu’il y a quelques années. Il est très évolutif et dépendant du contexte sécuritaire, politique… Aujourd’hui, nous avons une ambition clairement affichée. Ceci étant, nous faisons partie d’un groupe qui nous aide à investir massivement. Si demain, les résultats du groupe, autant sur les parcs de loisirs que sur les domaines skiables ou à l’international devaient connaitre un ralentissement sensible, il y aurait une revue globale des investissements du groupe.

Ce qui est extrêmement positif, c’est qu’aujourd’hui, il y a un plan. Avant, nous n’en parlions pas, ou très peu. Nous ne parlons pas d’un plan à 1 ou 2 millions par an ; mais d’un plan de 30 millions sur 10 ans maximum, sûrement moins, suivant la vitesse à laquelle nous allons progresser. Si cette année, nous atteignons l’objectif 2017, ça va certainement aller plus vite… Nous parlons d’un plan de long terme. Nous venons à peine d’entamer 2016 en terme d’expérience visiteur ; nous, nous sommes déjà sur 2017 en terme de nouveauté.

Et donc, pour l’instant, pas d’indice sur la nouveauté 2017 ? Rien du tout ?
Non (sourires).

Un autre évènement qui marche bien est votre évènement Halloween : il prend de l’ampleur petit à petit. Est-ce pensable d’imaginer des nocturnes à terme, comme ça se fait à Walibi Holland ou à Walibi Belgium ?
Oui, c’est tout à fait imaginable ! La preuve : la zone Explorer est prévue pour fonctionner de nuit. Le Timber, allumé, est une vraie cathédrale… La facade du Scratch, elle aussi, est éclairée. L’éclairage de la zone peut être adapté suivant divers évènements : soirées VIP, nocturnes Halloween… Donc oui, à terme, nous pourrions aboutir sur des nocturnes à Walibi à cette occasion. De toute façon, nous en ferons sans vouloir en faire. Cette année, Halloween se termine le 2 Novembre alors qu’avant, on terminait le 31 Octobre. Avec le changement d’heure, à 17h, il fera noir. Le parc sera donc illuminé. Nous allons voir comment se passe Halloween cette année, mais c’est clairement quelque chose que nous allons développer. Peut-être des nocturnes que les week-ends, au départ (c’est-à-dire les Vendredi et Samedi soir) pendant les WE d’Halloween, et puis les saisons prochaines, nous ferons peut-être aussi des nocturnes à d’autres moments, avec visites continues ou entrées spécifiques. Ce que l’on sait, c’est que nous allons développer l’offre Halloween sur la zone Explorer l’année prochaine. Nous allons nous agrandir et proposer d’autres expériences.

Comment attirer des visiteurs plus excentrés du parc ? Je me souviens de Walibi Sud-Ouest, qui pensait à un hôtel. Est-ce quelque chose auquel vous pensez ?
L’hébergement, nous y pensons. Nous partons toutefois du principe qu’avant de faire de l’hébergement, il faut étoffer notre offre sur le parc. Nous sommes ouverts 130/140 jours par an. Il faudrait arriver à rentabiliser cet hébergement l’hiver… Nous avons déjà quelques pistes. Ce qui est encourageant, c’est qu’il y a de la demande. Mais je ne vous cache pas que je préfère privilégier des investissements sur le parc. Après, nous pourrions avoir un partenaire ou acteur spécialisé avec qui nous pourrions nous associer et travailler. C’est quelque chose auquel nous pensons, depuis 2007 ou 2008.

Ca me fait un petit peu penser au Pal, assez proche de votre situation sur le plan de la localisation  qui a marqué un grand coup avec son hôtel thématique et a réussi à prolonger l’expérience du parc…
L’avantage du Pal, c’est quand même leur zone animalière qui permet une expérience différente. Nous devons pour notre part repartir sur un modèle économique différent. Demain, quand nous serons ouvert plus de jours dans la saison, nous pourrons y réfléchir plus sérieusement.

Dernière question, concernant les fameuses poubelles « Exotic Island » : de quoi s’agit-il ? Nouvelle zone du parc, parc aquatique revue ? C’est quand même étonnant, ces 15/20 poubelles apparues soudainement au fond du parc. Une petite piste ?
Peut-être une erreur du fournisseur, qui sait ? Des poubelles sont arrivées, point. Il fallait des poubelles, et puis voilà (sourire). Joker, sur cette question !

Très bien, on suivra ça de près, alors ! Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, et bonne saison !
Avec plaisir, merci à vous !

 Mathis
Avril 2016
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