Le 12 avril prochain, Disneyland Paris va fêter son vingt-cinquième anniversaire. Vingt-cinq ans que la plus célèbre des souris est présente en France. Depuis son ouverture, le royaume de Mickey a attiré beaucoup de visiteurs. Selon la dernière enquête publiée par le parc, on dépasserait les 320 millions de visiteurs depuis 1992, soit une moyenne de 12,8 millions par an. Ce chiffre fait passer les autres lieux touristiques, français comme européens, pour des petits joueurs. Mais cette même étude, réalisé par le groupe de conseil et d’ingénierie SETEC, nous en apprend plus sur l’impact économique et sociale de Disneyland Paris en France.
Rappel des faits historiques
Nous sommes le 24 mars 1987 et la convention entre la Walt Disney Company et l’État Français vient d’être signée. Cette convention lance la création ainsi que l’exploitation d’un parc Disney à Marne-la-Vallée dans le Grand Est parisien. Les pouvoirs publics concèdent alors 2 000 hectares au géant américain pour s’y installer. On distingue plusieurs parties :
- Le parc d’attractions
- Le Disney Village et les hôtels Disney
- Le ranch Davy Crockett
- Le golf Disneyland
De son côté, l’État Français se charge des infrastructures en rallongeant notamment la ligne du RER A ou encore de créer un accès routier de l’autoroute A4 jusqu’au parking. Plus tard, Euro Disney et la SNCF signeront un accord pour la création d’un gare TGV.
Après quatre ans de travaux, le parc ouvre ses portes le 12 avril 1992. Au fil des années, des nouvelles attractions apparaissent (Space Mountain : de la Terre à la Lune en 1995, Buzz Lighyear Laser Blast en 2006) tout comme de nouvelles infrastructures. L’année 2002 marque l’arrivée d’un second parc : Walt Disney Studios. A partir de 2015, le parc lance de multiples réhabilitations dans le parc et certaines attractions voient leur style évoluer. C’est le cas de Space Mountain : Mission 2 qui va recevoir une thématisation Star Wars pour devenir HyperSpace Mountain : Rebel Mission.
Les effets de Disneyland Paris
Commençons par le chiffre le plus important, celui du nombre de visiteurs. Comme il a été dit plus haut, Disneyland a accueilli 320 millions d’individus depuis son ouverture. Sur ces 320 millions, 56% viennent de l’étranger soit 179,2 millions de visiteurs étrangers. Ces derniers sont ceux qui rapportent le plus au parc puisque généralement, ils restent sur place plusieurs jours. En moyenne, leur séjour se résume à trois jours au parc et deux nuits à l’hôtel avec un budget d’environ 670€ par personne. En effet, tout ce petit monde génère beaucoup d’argent. Depuis ses débuts, les visiteurs du parc ont dépensé plus de 80 milliards d’euros. Cela représente alors 6,2% des recettes touristiques françaises. C’est oncle Picsou qui va être content !
Avec tant de personnes à loger, un bon nombre d’hôtels se sont installés autour du parc en accord avec Euro Disney. Désormais, cela se traduit par le fait que le resort parisien soit devenu le cinquième complexe hôtelier de France. Avec 8 500 chambres, on le trouve derrière les villes de Paris, Lyon, Lourdes et Nice. De plus, l’implantation de Disney a engendré un boom démographique dans l’agglomération du Val d’Europe. Au départ, on comptait 3 000 habitants et aujourd’hui, ils sont plus de 35 000 à y vivre.
L’emploi est également très important. A lui tout seul, Euro Disney embauche 15 000 personnes, principalement en CDI. Son personnel vient du monde entier puisque l’on compte pas moins de 100 nationalités différentes. Grâce à cela, Disneyland est le premier employeur monosite de France. Ce terme signifie que le groupe Euro Disney ne dispose que d’un site sur le territoire français pour toutes ses activités. Ainsi, il devance l’entreprise d’aéronautique Airbus. Il ne faut pas oublier les emplois indirects puisque Disney travaille avec 3 000 fournisseurs. Au total, la souris américaine génère 56 000 emplois directs et indirects.
Des difficultés à surmonter
Depuis son ouverture, Disneyland a toujours eu du mal a être rentable. Pourtant, le nombre de visiteurs est conséquent. L’année 1992 se traduit par la venue de 11 millions de personnes. Le parc ne cesse d’investir dans de nouvelles attractions pour faire venir de plus en plus de visiteurs. Space Mountain fait son apparition en 1995 et reste comme une des attractions les plus chères au Monde (on parle d’un budget d’environ 100 millions de francs). Cependant, tous ces investissements ne sont pas synonyme d’une hausse de fréquentation. Par exemple, avec la construction du Walt Disney Studios en 2002, la direction espérait attirer entre 4 et 5 millions de visiteurs supplémentaires. C’est un échec, l’objectif n’est pas atteint.
Car voici le principal problème de Disneyland Paris : dépenser des sommes colossales dans de nouvelles attractions alors que les comptes sont dans le rouge. Ces deux éléments réunis ne font pas bons ménages. Deux ans après son ouverture, la dette s’élève déjà à 16 milliards de francs. Un plan de restructuration ainsi qu’une augmentation du capital d’environ 6 milliards de francs doivent être mis en place. Cela permet à Euro Disney de sortir la tête de l’eau même si le remboursement de la dette reste un énorme poids. Mais le début des années 2000 replonge Mickey dans ses travers qui se traduira par un second plan de restructuration en 2004. On note un léger mieux pour les années 2007 et 2008 mais depuis ce temps-là, la société n’a plus fait de bénéfices.
En octobre 2014, la Walt Disney Company intervient dans l’histoire. Elle souhaite recapitaliser Euro Disney d’un milliard d’euros pour éponger la dette d’1,7 milliards d’euros. En janvier 2015, le projet est accepté par les actionnaires et Disneyland Paris limite ses pertes à 84 millions d’euros pour la saison 2014-2015. Mais un nouvel élément va jouer contre la société : celui des attentats de Paris. Le nombre de visiteurs est en chute libre et pour la saison 2015-2016, le complexe enregistre une perte record de 705 millions d’euros.
Épilogue
Le mois dernier, la maison-mère a pris la décision de retirer Euro Disney du système boursier et décide de recapitaliser une nouvelle fois sa filiale d’un milliard d’euros. Il n’y a plus qu’à attendre pour voir si les objectifs de ces mesures seront atteints.