La nouvelle a surpris tout le monde. Le 27 février, en début d’après-midi, Robert « Bob » Iger, directeur général de la Walt Disney Company, rencontre Emmanuel Macron, président de la République française au Palais de l’Élysée. Au cours de cet entretien, le PDG américain lui annonce une très bonne nouvelle : un investissement de deux milliards d’euros pour Disneyland Paris. La direction du resort parisien ainsi que la Walt Disney Company publient alors un communiqué de presse pour donner d’avantages de renseignements sur ce plan. Emmanuel Macron tweete cette information officielle et les médias font le reste… Forcément, les forums n’ont pas été épargnés par cette nouvelle. Mais du coup, plusieurs questions se posent : pourquoi un tel plan mis en place ? Quels en sont les enjeux ? A quoi doit-on s’attendre ? Pas de panique, on s’installe et on va analyser tout ça.
Disneyland Paris : un parc qui attire mais qui coûte cher
Pour bien comprendre cette nouvelle, il faut remonter quelques années en arrière pour approfondir l’histoire du resort. Après la signature de la convention entre l’État français et la Walt Disney Company, les travaux débutent et dureront quatre bonnes années. Encore aujourd’hui, aucun chiffre officiel/exact n’est connu sur le coût de construction. Les seules informations que nous possédons sont les suivantes :
- L’État français s’était engagé à mettre sur la table 1,5 milliard de francs (soit 230 millions d’euros) pour construire les infrastructures nécessaires (autoroute et RER).
- La Walt Disney Company a financé une partie de la construction grâce aux emprunts ainsi qu’au marché boursier. La filiale Euro Disney est mise sur le marché boursier dès 1989. Ses deux actions ont débloqué 25 milliards de francs (soit 3,8 milliards d’euros).
Malheureusement, c’est sur ce dernier point que les choses vont se dégrader. Sur l’ensemble de la filiale Euro Disney, 72% est détenu par la Walt Disney Company et le reste par d’autres actionnaires. Chaque année, on fait les comptes en soustrayant au chiffre d’affaires les dépenses pour ainsi obtenir le bénéfice net. Sur ce bénéfice, on paye la part des actionnaires en fonction de leur part dans l’entreprise. Ce qui reste est mis de côté. Du coup, que l’année soit bonne ou mauvaise, Euro Disney devra donner de l’argent à la maison mère. Même si la filiale européenne risque de perdre de l’argent et ainsi devenir déficitaire. De ce fait, lorsqu’on fait le bilan lors des 25 ans du resort, Euro Disney n’a été bénéficiaire que sept fois.
De plus, cette dette suit Euro Disney dès ses débuts puisqu’en 1994, le montant de la dette atteint les 16 milliards de francs (soit 2,4 milliards d’euros). Walt Disney Company enclenche des plans de recapitalisation en 1994, 2004 et 2014 pour éviter que la filiale française ne fasse naufrage. En 2017, pour faire face à la perte record de 705 millions d’euros durant la saison 2015/2016, la maison mère décide de frapper un grand coup. En effet, le groupe veut retirer Euro Disney du marché boursier et lancer une offre publique de rachat des actions qu’il ne détient pas. L’objectif derrière cette manœuvre est simple : que la Walt Disney Company rachète ces parts en question pour devenir actionnaire à 100% et ainsi être seul maître à bord. En juin 2017, l’objectif est rempli. Pour la première fois depuis son ouverture, les américains ont une totale maîtrise sur le resort parisien.
Un plan d’investissement qui va faire du bien
Après la dernière recapitalisation d’un milliard d’euros ayant eu lieu l’année dernière, il était temps qu’un nouveau plan d’investissement fasse son apparition. En effet, les derniers investissements effectués n’ont pas aidé à remonter la pente. On peut déjà évoquer la création des Walt Disney Studios en 2002 pour la modique somme de 610 millions d’euros. Par rapport à ses confrères internationaux, la piètre qualité du second parc est indéniable. Seule la Tour de la Terreur était du niveau qu’on attend d’un parc Disney. Pour le reste, rien de bien glorieux et même les autres investissements effectués les années suivantes étaient d’une tristesse sans nom. Pour le parc principal, les réhabilitations effectuées restent discutables. Surtout, si encore une fois, on comparait avec ce qu’il se faisait dans les parcs Disney aux USA et en Asie.
Cependant, les choses commencent à évoluer. Lors de la dernière D23 qui s’était tenu à Tokyo Disneyland au début du mois de février, Bob Chapek, PDG de la Walt Disney Parks & Resorts, avait préparé le terrain à Robert Iger. En effet, celui-ci avait annoncé une réthématisation de l’attraction Rock N’ Roller Coaster. Nouveau thème : les Avengers et Iron Man.
Puis, Robert Iger annonce le plan d’investissement pluriannuel de deux milliards d’euros qui permettra de créer trois nouveaux lands. Le premier sera destiné à Marvel et se trouvera là où se situe actuellement RNRC. Donc ici, il s’agit juste d’aménager une zone des Walt Disney Studios déjà existante. Pour les autres lands, il y aura des travaux. Ces derniers se trouveront dans une zone derrière le parc actuellement et seront à l’image de Star Wars et la Reine des Neiges. Le « projet comprendra un nouveau lac qui sera le théâtre de nouveaux spectacles et reliera les trois nouvelles zones thématiques du parc« .
Roger Iger a indiqué qu’il s’agissait du plus important plan d’investissement pour le resort parisien depuis son ouverture. Les travaux devraient commencer dès 2021. Dans tous les cas, si les concept-art sont respectés, on peut alors s’attendre à du très grand Disney (cf : la zone Avatar à Walt Disney World en Floride).
Les enjeux d’un tel plan d’investissement
L’un des enjeu majeur est d’ordre financier. Évidemment, le but premier est d’éponger un maximum la dette d’Euro Disney ainsi que d’améliorer sa trésorerie. Une partie de cet enjeu a déjà été mis en œuvre grâce au retrait en bourse de la filiale européenne, le rachat à 100% par la maison mère ainsi que les récentes recapitalisations. Désormais, l’objectif est que Disneyland Paris gagne de l’argent et ne replonge plus dans ses travers. De plus, la France resterai gagnante puisqu’il est important de rappeler que Disney représente 6,2% des recettes touristiques françaises.
L’autre enjeu est un enjeu d’image. Présent aux USA, au Japon ainsi qu’en Chine, notre resort faisait pâle figure face à ses confrères et ça, la Walt Disney Company n’aime pas ça. En effet, Disneyland Paris est la seule vitrine Disney en Europe et le groupe ne pouvait pas laisser les deux parcs se détériorer. De toute façon, il n’y a pas de recette miracle, pour faire venir ou revenir le visiteur, il faut rénover les anciennes attractions et investir dans de nouvelles. Concernant la réhabilitation des anciennes attractions, cela a déjà commencé (Star Tours, Big Thunder Mountain, Pirates des Caraïbes etc…) et désormais il était temps d’investir dans de nouvelles zones. Donc, quand Robert Iger dit « qu’il a confiance envers l’économie européenne et française » et « qu’il veut continuer d’investir en France« , cela signifie que le groupe américain ne veut pas laisser tomber son unique vitrine Disney en Europe. Paroles rassurantes donc.
Enfin, dernier point pour terminer cet article concernant le choix des personnages pour les nouveaux lands. Certains s’avoueront déçu mais il faut bien comprendre que Disney n’a pas choisi cela au hasard. Tout commence avec les personnages/univers crées ou rachetés par Disney. Si cela est bien réalisé et que le public accroche à ce personnage/univers, c’est le jackpot pour Mickey et ses amis. En effet, les quatre principales filiales de la Walt Disney Company vont entrer dans un cercle vertueux. Vu que le personnage/univers plaît, on en fait un film, on vend des produits dérivés à son effigie, on produit des programmes TV et on construit des attractions à son honneur dans les parcs. Actuellement, ce qui cartonne le plus chez Disney c’est : Stars Wars, Marvel et la Reine des Neiges. Trois effigies que l’on va retrouver dans quelques années à Disneyland Paris et dans les autres parcs Disney à travers le Monde.
Après des années à connaître des difficultés, Disneyland Paris semble de retour sur la bonne voie. Avec l’aide de la Walt Disney Company, on espère que le resort européen à l’effigie de la souris américaine va reprendre des couleurs. Les premières nouveautés devraient commencer à voir le jour en 2021 pour finir aux alentours de 2024. D’ailleurs, si tout se passe correctement et que les nouveaux lands ouvrent dans les délais, Disneyland Paris pourraient alors profiter d’un double effet avec les Jeux Olympiques de Paris.