Au détour d’une conversation Youtube, un internaute émet une opinion très audacieuse. Le meilleur coaster en acier, mais aussi la meilleure montagne russe en bois ne seraient ni l’un ni l’autre encore en opération ! Si le cas Eagle’s Fortress est désormais assez célèbre, le nom du Cyclone à Crystal Beach m’est bien moins familier. Coup de projecteur sur ce wooden des années 20 très en avance sur son temps.
Le bijou des années folles
On l’oublie souvent, mais les années 1920 ont été considérées comme l’âge d’or des montagnes russes. En effet, près de 1500 coasters ont vu le jour à cette époque ! À titre de comparaison, les Etats-Unis ne comptent que 745 montagnes russes en activité en 2017. Les roaring twenties témoignent ainsi d’une réelle effervescence dans l’univers des montagnes russes qui se manifeste à travers quelques créations emblématiques.
Le Cyclone de Coney Island vient immédiatement à l’esprit dans l’imaginaire collectif. Cependant son homonyme canadien garde la réputation d’avoir été le coaster le plus intense jamais construit selon les dires. Les rares témoignages et photos qui ont survécu en attestent…
« L’attraction la plus sensationnelle de l’hémisphère ouest ! »
Cyclone est le fruit d’un ingénieur osé. Car Harry Traver n’aurait rien à envier à Alan Schilke. Imaginez donc, un wooden, dans les années 1920, avec un virage incliné à 80°, des changements de direction dignes de Maverick, le tout traversé à toute allure en atteignant au maximum 4G ! Impensable, et pourtant Cyclone repoussa les limites bien avant l’heure. En plus, ce cocktail furieux tenait dans sur une surface remarquablement réduite.
L’intensité du Cyclone était telle qu’une infirmière restait aux abord de la station pour aider les passagers malades. En réalité, certains suggèrent qu’il s’agit d’un coup de com’ du parc pour souligner le côté extrême du coaster, mais l’anecdote paraît crédible ! Par ailleurs, le récit d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ajoute encore de l’épaisseur au mythe. En effet, celui-ci décrit Cyclone comme « son moment le plus mémorable dans un parc d’attractions » :
Les voitures descendirent ensuite la pente en rugissant à la vitesse de l’éclair, et tout ce que vis devant nous était le Lac Érié. J’étais sûr qu’il devait manquer une partie des rails. Et puis je n’ai crié que deux mots pendant le tour entier… « JÉSUS CHRIST »… alors que nous plongèrent vers le lac. (Extrait de Crystal Beach: the Good Old Days par Erno Rossi)
Une légende disparue
Malheureusement, ce soldat fut parmi les derniers a faire l’expérience de ce coaster extraordinaire. En 1946, Cyclone fut détruit. Il fut victime de son layout trop audacieux qui imposait des forces démesurées sur la structure en métal la soutenant. Une partie de ses matériaux fut réemployée pour la construction du wooden Comet dans le même parc. On retrouve désormais celui-ci à Great Escape, dans l’État de New-York. Ce coaster précurseur inspira notamment Great Coasters International (GCI) qui ont repris les tracés sinueux de Traver – dans un registre et une intensité moindres cela dit !
Une résurrection prochaine ?
Les innovations récentes laissent espérer un retour du Cyclone de Crystal Beach, ou plutôt, d’un tracé similaire qui restitue son intensité. Rocky Mountain Construction et Intamin semblent en mesure de construire une telle bestiole qui pourrait – cette fois – résister à l’ouvrage du temps. L’animation de James C (ci-dessus) ne fait que nourrir cette idée alléchante !