Voilà un moment que je voulais visiter Toverland. J’ai vu le parc évoluer petit à petit, passant d’un lieu indoor aux ambitions limitées à celles d’un acteur majeur du paysage néerlandais, aux côtés notamment d’Efteling, situé non loin de là.
Troy, en 2007, est le premier investissement massif du parc. Cet ajout inattendu a résonné comme un coup de tonnerre, ce GCI étant le plus impressionnant jamais créé par la firme américaine. Onride, le grand-huit est à la hauteur de ses statistiques : les banquettes sont extrêmement confortables, bien heureusement, car le parcours est bourré d’airtimes et changements de direction monumentaux qui en font un des meilleurs woodens européens.
Après cette première excursion outdoor, les choses s’accélèrent et la partie indoor devient petit à petit minoritaire, statut qu’elle acquiert définitivement cette année.
En effet, Toverland inaugure en 2018 non pas une, mais deux zones, avec dans l’une d’entre elles, deux attractions dont une de classe mondiale. Rien que ça ! N’en pouvant plus de tenir, nous avons pris le risque de nous rendre sur le parc le jour d’ouverture officielle de ces nouveaux lands, le 7 Juillet dernier. On vous emmène ?
Le premier changement majeur de cette année s’affiche dès votre arrivée et pour cause : il s’agit Port Laguna, nouvelle zone d’entrée située à l’exact opposé de l’ancienne. Cette dernière se faisait au niveau des hangars indoors qui constituaient originellement le parc, désormais relégués en fond de parc.
Les arches qui ornent les caisses ont des allures méditerranéennes qui ne sont pas sans rappeler l’architecture d’Islands of Adventure. On passe la guérite d’entrée et là, la téléportation s’opère. Autour d’une disposition en cercle, on trouve diverses échoppes, un marchand de glaces et ses transats, des bâtiments colorés. Au centre de cette place, une sorte de cuvette où s’épanche un lagon, cuvette remplie de jeux sympas pour les petits. En fond sonore, une musique originale d’IMAScore : harpes, guitare et instruments à vents viennent créer une musique relaxante mais teintée d’une pointe de mystère, précurseuse de la dimension épique des soundtracks que vont découvrir les visiteurs tout au long de la journée.
Un bon parc devrait vous transporter dès les grilles d’entrée passées. C’est pari réussi avec Port Laguna, une zone qui donne bien le ton du reste du parc. Pas grand-chose à redire.
Une aberration à noter, tout de même : le parc ne prend pas les cartes de crédit ! Même si je sais que c’est une pratique assez répandue au Benelux, c’est la première fois, tous pays confondus, que ma carte n’est pas acceptée. C’est un peu limite, comme pratique… Surtout quand il n’y a pas de distributeur aux alentours…
Mais passons. Je sais que vous êtes là pour Fēnix… La première zone qui s’offre à nous, quelques mètres de marche après Port Laguna, est Avalon. Ca tombe bien : c’est la deuxième nouveauté cette année. La zone n’est pas immense, mais très soignée. Elle représente un village paisible sur lequel veille Merlin, que vous pourrez voir déambuler dans les allées. Avec son phénix, il s’acharne à protéger la vallée d’Avalon de la sorcière Morgana… prénom qui n’est pas sans rappeler celui d’un dark-ride d’Efteling… Les choses sont bien faites…
Sur la droite de la zone, une petite maison d’où part le boat ride Merlin’s Quest. Simple, efficace, composée de 4 scènes avec odeurs, musique et décoration sympathiques, cette réalisation de Mack Rides est un trop rare exemple de petit darkride non-basé sur des IPs (licences) dont pourraient s’inspirer beaucoup de parcs.
Toujours à droite mais plus au fond, un restaurant avec des allures de maison de hobbit. A l’intérieur de celui-ci, c’est un restaurant avec service à table que l’on trouve ; à l’extérieur de la maison, c’est un fast-food néerlandais, qui propose hot-dogs et autres Pulled Chicken Burger qui sortent de la malbouffe habituelle attribuée aux parcs néerlandais. Au milieu de la zone, un plan d’eau sur lequel circule le boat ride.
Et puis, sur la gauche, l’entrée vers Fēnix, symbole de la zone. Celui-ci est magistral. Sa descente, ses inversions bleutées déchirent le ciel et laissent imaginer que l’on va avoir affaire, comme d’habitude sur les Wingcoasters B&M, à un ride planant.
Un premier train doré passe au dessus de nous, et on comprend rapidement que ce n’est pas un oiseau doux sur lequel nous allons prendre place. Le ride joue avec les éléments la zone, passe par dessus puis au-dessous d’un pont. C’est sublime à voir. On a qu’une envie : s’engager dans la file d’attente. Figurez-vous qu’on a bien eu peur de ne jamais pouvoir le faire, Fenix, ce Samedi 7 Juillet là. Aucun test n’a en effet eu lieu avant 14h-15h pour causes techniques, jouant avec nos nerfs, mais nous permettant de boucler le tour du parc pendant que tout le monde attendait plus ou moins patiemment dans la file de l’oiseau moqueur…
15h : les premiers tests sont là . On s’engouffre rapidement dans la file qui nous est à tous les trois totalement inconnue. Et celle-ci est sans aucun doute la plus belle du parc. Pas d’animatronics ici, mais une succession de pièces bien éclairées, quelques décors bien placés : le tour est joué. Que serait une file d’attente à Toverland sans escaliers bien pentus ? Jackpot sur celui de Fenix, entre celui en colimaçon de la file, ou celui bien raide qui vous fait quitter la gare, la tradition est plus que respectée. Bref, tout est réussi jusque là, et donne l’impression de pénétrer dans un donjon obscur. La file se sépare au fil des mètres : 1er rang/autres rangs, puis droite/gauche. Si je reste indécis sur le meilleur rang, étant donné la configuration de la drop, le côté gauche est clairement celui qui offre le plus de sensations.
La gare en elle même est plutôt bien faite et agencée même si étrangement, pour le moment, la file pour le 1er rang rejoint les files normales dans la station… La gare, comme souvent pour un Wing, de par l’envergure des trains, est majestueuse et se déploie tout en largeur. Seul bémol à mon goût : elle est complètement ouverte au niveau de l’arrivée, laissant entrer trop de lumière naturelle et tranchant avec l’aspect mystérieux du reste de la file.
On embarque donc, avec les fameux harnais qui collent au corps et font tant discuter… Soyons clairs : ils n’ont pas grand à chose à voir avec ceux de The Swarm et de Raptor, qui sont non-ajustables. Ceux de Fenix peuvent être ajustés tout au long du ride avec un système de ceinture sur le haut du harnais, vous permettant de plus ou moins vous pencher. Ca reste clairement des harnais bien près du corps, mais qui ne vous empêcheront pas d’apprécier les éléments du parcours. Quels sont-ils, justement ?
Il y a d’abord cette drop, plus rapidement engagée que sur The Swarm, toujours aussi malsaine. Puis vient une airtime hill absolument magistrale et très longue qui se termine sur une plongée sous le pont qu’on est persuadé pendant quelques microsecondes de se prendre en pleine gueule, parachevant cette démarrage génial et comme hors du temps. S’ensuit un Immelmann qui permet de reprendre un peu de souffle, bien dosé, puis une Corkscrew elle aussi prise à bonne vitesse. Enfin, un dernier S Turn bien relevé, une spirale, et nous voilà à la fin du parcours. Verdict ? Que c’est bon ! Son intensité, sans aucun temps mort, le rend très différent et complémentaire des autres wings européens, et vient enfin contredire tous ceux qui croyaient que ce type de coaster était destiné à des parcours planants.
Que dire de plus…? Que c’est un peu court : oui, évidemment. Mais pour le reste, le niveau de détail, ce côté espiègle de Toverland qui se retrouve dans l’agencement de la zone avec les ponts suspendus, les chemins de traverses, ce côté “féerique sans le kitsch d’Efteling” est vraiment un créneau très séduisant et occupé par nul autre parc.
Avec 682 000 visiteurs en 2017, Toverland a su dépasser le plafond de verre des 400 000/500 000 visiteurs auquel beaucoup de parcs d’envergure moyenne sont confrontés un peu partout en Europe. Le parc espère dépasser rapidement le million de visiteurs, et cet investissement record (35 millions d’euros pour la saison 2018, et un quasi-doublement de la superficie du parc !) apparait comme un premier pas dans cette direction.